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Archive pour la catégorie 'FANTASTIQUE/SF'

Invisible Man (The Invisible Man) – de Leigh Whannell – 2020

Posté : 21 novembre, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, FANTASTIQUE/SF, WHANNELL Leigh | Pas de commentaires »

Invisible Man

Comment faire du neuf avec du vieux.… Cette version moderne et high tech d’un mythe qui a donné quelques grands films (au moins un : celui inaugural de James Whale) a droit à une nouvelle version très ancrée dans les enjeux actuels, avec deux sujets pour le prix d’un : l’omniprésence de la technologie dans notre quotidien, et les violences contre les femmes.

Le scénario est assez machiavélique, et plutôt convainquant à défaut d’être révolutionnaire : il met en scène une jeune femme qui fuit un compagnon violent, et qui réalise bientôt que ce dernier la harcèle et la suit sans qu’elle puisse le voir. Elle comprend alors qu’il a trouvé un moyen de se rendre invisible, et de l’épier nuit et jour. Pour commencer.

Le comment importe peu. Mieux vaut d’ailleurs ne pas trop s’y attarder, parce que la psychologie du compagnon violent et l’utilisation des nouvelles technologies flirtent dangereusement avec la caricature la plus facile. Faire dudit compagnon un homme richissime et d’une froideur compulsive (encore plus invisible quand on le voit à l’écran) trouble par ailleurs le discours, transformant ce qui aurait pu être un film anti-violences faites aux femmes assez fort en un film d’épouvante efficace, mais plus classique.

Mais il y a Elisabeth Moss, l’indispensable interprète de Top of the Lake, décidément grande actrice. Elle est de toutes les scènes, presque de tous les plans, et c’est le plus grand atout de ce film qui joue plutôt habilement sur la menace invisible, la plupart du temps avec la seule force de la suggestion, n’utilisant les effets spéciaux qu’avec une grande parcimonie. Ils n’en sont que plus impressionnants.

Princess Bride (The Princess Bride) – de Rob Reiner – 1987

Posté : 7 novembre, 2023 @ 8:00 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, REINER Rob | Pas de commentaires »

Princess Bride

Princess Bride est sorti il y a plus de trente-cinq ans, à une époque où les téléphones sans fil avaient une portée de dix mètres (et de toute façon ne tenaient pas dans la poche), et où Internet n’existait pas. Mais en 1987, les gamins (pas moi, mais c’est une autre histoire) avaient déjà des écrans dans leurs chambres : une télévision, des jeux vidéos… Bref, tout pour ringardiser la lecture et l’imagination.

Tout ça pour dire que Rob Reiner était rudement en avance sur son temps avec cette féérie irrésistible, chant d’amour ou pouvoir de la fiction et, donc, de l’imagination. Malin, il ouvre son fils sur un gamin malade et alité, plongé dans une partie de jeu vidéo (dont le graphisme rappelle l’hallucinant chemin qui a été fait depuis), et à qui son grand-père rend visite. Pas de quoi ravir le gamin, qui n’a pas très envie de lâcher la manette pour écouter ce vieil homme rasoir.

Un vieil homme qui a la bouille de Peter Falk, sourire narquois, regard malicieux, assez sûr de son effet lorsqu’il sort un vieux livre d’aventures, dont il entreprend la lecture, parfois entrecoupée par les protestations, de plus en plus faible, de son jeune auditeur. Et cette lecture, qui prend forme sous nos yeux, c’est une espèce de champ des possibles de ce qu’offre la fiction en général, la littérature et le cinéma en particulier.

Une princesse forcément blonde (Robin Wright, toute jeune, à peine sortie de Santa Barbara), un écuyer forcément beau (Cary Elwes, tout jeunot et tout blondinet aussi), un méchant roi, un homme de main machiavélique, un géant au grand cœur, un homme de main au grand cœur et surtout un as de l’épée en quête de vengeance : Mandy Patinkin, dans un rôle inoubliable.

« My name is Inigo Montoya. You killed my father. Prepare to die… » Quand on a entendu cette réplique une fois, on ne l’oublie plus. Pas plus qu’on oublie la géniale partie de trompe-la-mort du « génie du mal » Vizzini (Wallace Shawn), ou la course poursuite en bateau…

Princess Bride est un film réjouissant, parce que drôle et totalement décomplexé. En se plaçant ouvertement sous le couvert du conte pour enfants, Rob Reiner s’offre toutes les possibilités, toutes les folies, avec une bienveillance et une gourmandise qui font plaisir. Et qui passent fort bien l’épreuve du temps.

Acide – de Just Philippot – 2023

Posté : 23 octobre, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, FANTASTIQUE/SF, PHILIPPOT Just | Pas de commentaires »

Acide

Sur le papier : un film de genre de série B à la John Carpenter, quelque part entre Fog pour le détournement de phénomènes naturels (le brouillard là, la pluie ici), et Invasion Los Angeles pour l’ancrage dans une réalité brûlante (la pauvreté grandissante là, le réchauffement climatique et la crise des migrants ici). A l’écran : un film de genre, oui ; une série B, oui ; mais un film qui impose d’emblée la signature d’un (jeune) cinéaste singulier, et très prometteur.

Ce n’est pas son coup d’essai : La Nuée (pas vu, encore) avait marqué les esprits. Avec ce deuxième long métrage, prolongement d’un court du même nom lui aussi remarqué, il creuse visiblement un sillon similaire. Le résultat est saisissant. Il l’est dès les premières secondes, qui nous plongent à coup d’images tournées au portable au cœur d’une manifestation syndicale qui tourne mal.

Just Philippot serait l’héritier de Stépane Brizé plutôt que celui de John Carpenter ? Non, bien sûr, mais ces premières images sont étonnantes, fortes, et plantent le décor d’un monde qui ne va pas super bien, et d’un héros, joué par Guillaume Canet, dont le mal-être a visiblement tourné à la colère explosive depuis longtemps.

Ces premières images permettent aussi un contraste spectaculaire, mine de rien : entre les images format portrait volées au portable, et l’écran très, très large qui apparaît lorsque le générique commence, plan soudain stabilisé sur une nature immense et déserte. Le calme avant la tempête. Parce qu’on la sent arriver cette tempête…

Il y a d’abord les commentaires captés à la télévision ou à la radio, au détour d’un dialogue entre le père divorcé et paumé joué par Canet (formidable, peut-être bien dans le rôle de sa vie) et sa fille, ado en rébellion incarnée par une fabuleuse Patience Muchenbach, dont le visage faussement impavide semble d’une profondeur infinie.

Il y a, surtout, la manière dont Philippot filme les nuages, l’eau qui goutte, des flaques qui se forment. Aucun effet facile, si ce n’est cette musique sourde qui renforce le malaise, mais ces plans qui semblent anodins ne le sont pas. Le cinéaste en fait des signes annonciateurs de la catastrophe, de la plongée dans l’horreur qui ne va pas tarder.

Elle explose lors d’un moment d’une intensité proprement hallucinante, course éperdue à travers bois où le danger vient du ciel, et le salut d’un cocon familial qui n’existe plus qu’en période de crise. L’intensité ne retombera plus. Sur un scénario qui évoque La Guerre des mondes de Spielberg, Canet le paumé se transforme en père désespéré prêt à tout pour sauver sa fille.

Le film dépasse largement les codes du survival classique. Film de genre enthousiasmant, Acide pousse à son extrême la logique d’un monde confronté au changement climatique (encore que la marche n’est pas si haute), et renverse habilement le point de vue de la crise migratoire (comme Spielberg l’avait fait, d’ailleurs). Pur plaisir de cinéma et pamphlet brûlant, ce n’est pas si courant.

Au-delà de son intensité folle, Acide regorge d’images qui marquent durablement la rétine, comme ces deux chevaux fumant qui sortent de la brume, vision cauchemardesque admirablement mise en scène. Il y en a beaucoup d’autres, jusqu’à une conclusion particulièrement puissante, qui vous laisse exsangue.

Shining (The Shining) – de Stanley Kubrick – 1980

Posté : 20 octobre, 2023 @ 8:00 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, KUBRICK Stanley | Pas de commentaires »

Shining

Comment, en prenant de telles libertés avec le roman de Stephen King (l’un de ses meilleurs), et en reprenant des trucs aussi éculés du film d’horreur, tant scénaristiquement que visuellement, Kubrick a-t-il pu réussir un film à ce point singulier et fondateur du genre ? Bref : un grand chef d’œuvre qu’il faut sans doute revoir à plusieurs âges de la vie pour en apprécier la richesse.

Jeune, j’en avais me semble-t-il surtout saisi la grandeur de l’aspect horrifique à proprement parler, et cette lente glissade dans la folie qu’opère Jack Torrance, le personnage incarné par Jack Nicholson, dont le rictus machiavélique n’a peut-être jamais été si bien utilisé. A le revoir des années après, désormais père de famille, c’est une autre vision qui gagne : le portrait d’un homme hanté par ses échecs en tant que créateur, et par ricochet en tant que l’image qu’on a du chef de famille.

C’est pour soigner sa panne d’inspiration que l’écrivain Jack Torrance embarque sa famille pour un long hiver de totale solitude dans l’Overlook Hotel, établissement haut perché dans les montagnes où il a accepté un poste de gardien, conscient qu’il sera coupé du monde avec sa femme Wendy et leur jeune fils Dany (Shelley Duvall et Dany Lloyd, des rôles dont on ne se remet pas), et que c’est juste ce dont il a besoin pour retrouver la fièvre créatrice.

Sauf que dès les premières scènes, sous un voile apparent de normalité, Kubrick installe le malaise. Les souvenirs étant trompeurs, il me semblait que Nicholson était omniprésent, et que le film narrait dans les détails sa longue transformation, avalé par les fantômes de l’hôtel, où quoi que ce soit. Ce n’est pas tout à fait juste : dès le début, il porte déjà ses fantômes en lui, qui ne sont probablement pas les mêmes que ceux qui habitent la chambre 237. Ou peut-être que si, allez savoir…

Le fait est que le mal est déjà là, profondément ancré. Et ce mal remonte à loin (loin comment ? Ça…). D’ailleurs, le point de vue adopté est beaucoup moins celui de Jack que ceux de Wendy et Dany, qui sentent monter le déséquilibre, et la menace. Et Kubrick nous balade à travers l’Overlook en faisant monter la tension qui, d’énorme, devient intenable, au point que les rares effusions de (bain de) sang et de violence s’avèrent libératrices.

Travellings hallucinants, gros plans percutants, visions d’horreurs… Kubrick nous entraîne dans un vertige de sensations, jusqu’à un final (littéralement) glaçant dans le labyrinthe de l’hôtel qui est aussi celui des méandres de l’esprit, et sans doute beaucoup plus. Quoi exactement ? On a la nuit pour y repenser, et elle risque d’être longue.

Barbie (id.) – de Greta Gerwig – 2023

Posté : 17 octobre, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, FANTASTIQUE/SF, GERWIG Greta | Pas de commentaires »

Barbie

Drôle d’idée, quand même, de faire de la plus iconique des poupées l’héroïne d’un long métrage. Drôle d’idée aussi de faire de cette image caricaturée à l’extrême de la femme le sujet d’un film qui revendique son féminisme.

Bonne idée, en revanche, d’en confier les rôles principaux à Margot Robbie, l’actrice la plus hype du moment (et à l’origine du projet) et Ryan Gosling, hilarant dans le rôle d’un Ken dont le seul but dans la vie est d’obtenir un regard de Barbie…

Enfin, ça c’est jusqu’à ce que ces deux-là découvrent le vrai monde : un monde construit autour des hommes, qui donnent des idées de domination à Ken. Ou comment renverser les situations pour pointer du doigt le patriarcat et le machisme.

L’idée est belle, Greta Gerwig s’amuse visiblement beaucoup à filmer tout ça, et on y prend d’ailleurs un authentique plaisir.

Mais il faut aussi bien constater que la charge féministe est à peu près aussi puissante et originale que ce pamphlet anti-dictature qu’est Le Schtroupfissime.

On s’amuse, et même franchement, du monde parfait de Barbieland (« aujourd’hui est un jour parfait. Comme hier. Et comme demain ! »). Le sourire parfait et les abdos saillants de Margot Robbie et Ryan Gosling sont assez irrésistibles.

Bref, Barbie est une comédie plaisante, et plutôt intelligente qui multiplie les références cinématographiques (à commencer par 2001 dans la séquence d’ouverture). Mais côté féminisme, on a vu plus radical…

Et puis ce film, qui peut être vu comme une manière de moquer l’image stéréotypé de la femme sur laquelle Mattel s’est fait un fric fou, est produit et supervisé par Mattel… qui s’est fait un fric fou, et prévoit déjà d’adapter d’autres jeux en films. Histoire de se faire encore du fric fou. Côté dynamitage du système, on a vu révolutions plus radicales…

Indiana Jones et le cadran de la destiné (Indiana Jones and the dial of destiny) – de James Mangold – 2023

Posté : 14 juillet, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, ACTION US (1980-…), FANTASTIQUE/SF, FORD Harrison, MANGOLD James | Pas de commentaires »

Indiana Jones et le cadran de la destinée

Quinze ans déjà qu’on avait quitté notre aventurier préféré, vieillissant mais encore fringuant, à l’issue d’un épisode pour le moins faiblard malgré quelques beaux moments. Quinze ans d’annonces et de rendez-vous manqués, et voilà qu’il revient à l’aube du grand âge, et sans le regard d’un Spielberg qu’on croyait immuable. Sans Lucas aussi, ce qui pour le coup est plutôt rassurant.

Et curieusement, ce grand âge et ce regard neuf sont sans doute les meilleures nouvelles de ce cinquième opus tardif (42 ans depuis le premier film quand même) et enthousiasmant, qui nous cueille d’emblée avec une longue séquence introductive qui nous ramène à la grande période de la trilogie originelle. Même époque ou presque (la fin de la guerre en l’occurrence), mêmes ennemis (les Nazis), même rythme effréné, même nonchalance rigolarde d’un Harrison Ford rajeuni numériquement.

L’illusion est presque parfaite. Presque, parce qu’on n’échappe pas tout à fait à une espèce de lissage numérique, qui dresse une petite distance entre l’action et le spectateur. Plutôt bluffant quand même, et mené à un rythme d’enfer par un James Mangold dont on attendait le meilleur, et qui ne nous offre rien d’autre, bien plus qu’un disciple appliqué : un cinéaste enthousiasmant qui garde son identité tout en s’inscrivant ouvertement dans la lignée de Spielberg.

Après ces vingt premières minutes de pure nostalgie, la transition est brutale, et rude. Vingt-cinq ans ont passé. L’archéologue aventurier est désormais un universitaire vieillissant sur le point de prendre sa retraite. Et c’est dans un appartement sans charme de New York qu’on le retrouve, émergeant difficilement d’une nuit trop courte. Corps fatigué, visage accusant ses 80 printemps, voix un peu plus éraillée, regard lessivé par les années et les drames récents de sa vie.

Et là, la claque : qu’un héros aussi mythique, incarné par une aussi grande star, dans une saga aussi importante, assume à ce point son âge, sans tricher, sans même rien en cacher (jamais Harrison Ford n’avait encore dévoilé aussi frontalement les effets de l’âge sur son corps), voilà qui tranche pour le moins radicalement avec le tout venant des grosses productions hollywoodiennes. Et le fait de retrouver d’abord Harrison Ford comme revenu d’une autre époque ne fait que renforcer la brutalité de ce vieillissement, qui sera constamment l’un des thèmes forts du film, si ce n’est son axe central.

Le film de Mangold séduit aussi par son refus de céder à peu près à toutes les tendances mortifères du cinéma hollywoodien actuel : il évite la surenchère gratuite, ne cède pas au fan service jusqu’au-boutiste, et ne tire pas un trait sur les événements du quatrième volet, ce que bien d’autres sagas (de Terminator à Halloween) ne se sont pas gênés de faire. Au contraire : ce qui pouvait sembler être des boulets tout pourris fournissent les éléments les plus émouvants de ce film. Et non, on ne peut pas en dire plus sans gâcher quelques surprises, et une conclusion magnifique qui remuera les fans de la première heure.

Il y a, quand même, tout ce qu’on attend d’un Indiana Jones : des escales dans plusieurs continents, quelques réminiscences des premiers épisodes (le retour de Sallah notamment, dans un rôle modeste mais truculent et nostalgique), des courses-poursuites dans les modes de transport les plus inattendus (séquence géniale dans un tuk tuk à Tanger, séquence rigolote à cheval dans la fameuse parade des héros de la lune à New York), et un artefact aux pouvoirs mystérieux, en l’occurrence un cadran imaginé par Archimède il y a 2000 ans, censé permettre le voyage dans le temps.

C’est généreux et inventif, avec ce petit plus qui change tout : Indiana Jones est vieux. Et il le sait. « Those days are come and gone », lance-t-il à son vieil ami avant de s’envoler pour une aventure qui ressemble furieusement à un ultime baroud d’honneur pour un homme qui se sait en bout de course. Mais il a de beaux restes, pour le moins, et tiens largement sa place dans les nombreux morceaux de bravoure.

Et puis Mangold réussit haut la main là où Spielberg et Lucas avaient échoué en 2008 : avec le sidekick d’Indy, et avec le grand méchant. Oublié l’agaçant personnage de Shia LaBeouf. Dans le rôle de la filleule d’Indiana Jones, Phoebe Waller-Bridge apporte une fraîcheur et une fausse légèreté assez parfaites. Dans celui du Nazi de service, Mads Mikkelsen est formidable, évitant les clichés faciles, et s’imposant comme le méchant le plus fascinant de la saga.

Et cette dernière scène, dont on ne peut rien dire, mais qui assure au personnage une sortie digne de lui. Le film offre deux heures trente de pur plaisir nostalgique. Mais même s’il n’y avait que cette dernière scène, elle justifierait que Harrison Ford renfile son Fedora pour cette cinquième et ultime fois. Et puis, qu’une saga basée sur une idée presque cartoonesque de l’action se conclue sur un épisode abordant frontalement le vieillissement, ça a quand même pas mal de gueule…

* Voir aussi : Les Aventuriers de l’Arche perdueIndiana Jones et le Temple maudit, Indiana Jones et la Dernière Croisade et Indiana Jones et le Royaume du Crâne de cristal.

Ghostbusters : l’héritage (Ghostbusters : Afterlife) – de Jason Reitman – 2021

Posté : 10 juillet, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, FANTASTIQUE/SF, REITMAN Jason | Pas de commentaires »

Ghostbusters  l'héritage

Dans l’immense collection actuelle des suites-remakes-reboots et toute autre manière d’exploiter jusqu’à la lie les recettes éprouvées pour assurer un succès sans trop de risques, ce retour-ci a quelque chose de joliment rafraîchissant. Quelque chose qui ressemble à de la douce nostalgie sans doute.

Le fait que le scénariste et réalisateur de ce troisième (ou quatrième, si on compte le remake au féminin récent et déjà oublié) opus soit le fils d’Ivan Reitman n’est évidemment pas anodin. Comme ne l’est pas le fait que la jeune héroïne du film ait 12 ans, soit exactement l’âge qu’avait Jason lorsque son père tournait SOS Fantômes 2.

Tout est dans ce parti-pris là : la sincérité de cette suite tardive, le respect, l’amour, et aussi l’envie de trouver ses propres marques. Ce Ghostbusters là fait en gros ce qu’un fils fait avec un père qu’il aime : il lui rend un hommage vibrant, tout en s’en démarquant ouvertement. L’esprit est là, les références aux deux premiers films sont omniprésentes, mais Jason Reitman, tout en signant une suite directe (avec la même menace, les mêmes fantômes, les mêmes gadgets), signe un film assez différent.

Le décor du film n’est pas anodin : loin de New York, le fils Reitman situe son action dans le coin le plus paumé d’Amérique. Les acteurs des deux premiers films, très présents par références interposées, n’apparaissent en fait que quelques minutes, farouchement nostalgiques et un peu déconnectées du récit. Surtout, le fait de recentrer le film sur des enfants et adolescents fait de cet Afterlife un peu plus qu’un hommage au Ghostbusters original : un hommage à tout un pan du cinéma des années 1980, symbolisé par les Goonies.

Jason Reitman est un réalisateur plutôt habile (on lui doit Juno), et pour tout dire nettement plus emballant que son père. Et ça se sent dès les premières images : même s’il touche visiblement à ses limites dans les scènes d’action, pas très immersives, il révèle d’emblée une ambition formelle et un sens du rythme qui renvoie les deux premiers films à une sorte de préhistoire du genre. Attachant, le film trouve un étrange équilibre, hommage tendre sincère, et nouveau départ qui apporte un vrai vent de fraîcheur à la saga.

A défaut d’être ébouriffant (le film reste quand même très sage), l’approche est séduisante, et même touchante. Suite, reboot, hommage… Qu’importe, le plaisir est bien là.

Get out (id.) – de Jordan Peele – 2017

Posté : 6 juillet, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, PEELE Jordan | Pas de commentaires »

Get out

Il fait fort, Jordan Peele, avec ce premier long métrage venu d’on ne sait où. Ou plutôt si, certaines influences sont assez évidentes, mais on ne saurait trop en dire sans déflorer les surprises, nombreuses, du film. Soulignons quand même que la toute première scène inscrit ouvertement Get out dans une sorte d’héritage du cinéma de John Carpenter. C’est en partie le cas, avec quelques effets de styles clairement inspirés du maître.

Comme Carpenter, Peele s’empare des codes du film de genre dans ce qu’il a de plus décomplexé, pour livrer une vision glaçante et sans concession de la société actuelle. Mais à l’opposée du réalisateur de They live !, lui fait naître l’angoisse de détails anodins, réalistes et terriblement quotidiens : la manière dont une communauté blanche bien sous tout rapport accueille un jeune homme noir, sans la moindre hostilité apparente, mais avec de petits gestes, des regards, des mots qui n’ont l’air de rien, mais qui créent une brèche dans les sourires si bienveillants.

Il n’aurait pas dû accepter de se rendre chez sa belle-famille blanche, ce jeune photographe afro-américain. Son pote lui avait dit. Et on lui dirait bien aussi de se sauver en courant. Mais non, il l’aime tellement, sa jeune fiancée, qu’il est prêt à affronter le long week-end d’épreuves sociales qui l’attend. Et quelles épreuves ! D’abord ce père trop copain, puis cette mère trop posée, ce fils étrangement agressifs, et encore ces invités aux silences troublants. Et ces deux serviteurs noirs surtout, aux trop larges sourires et comme étrangers à eux-mêmes…

Il y a un tournant radical dans le film, dont on ne dira pas grand-chose, si ce n’est qu’avant ce tournant, Peele signe avec Get out une chronique glaçante et radicale du racisme banal et du masque de la bien-pensance. Pour faire monter l’angoisse, qui atteint des sommets, Peele ne se refuse rien, jouant à la fois sur les effets à la Carpenter (une silhouette qui apparaît, une note de musique qui cingle), sur la mise en scène de comportements pour le moins décalés, ou sur le souvenir traumatisant de la première scène.

Et puis le film fait un virage brusque vers autre chose, vers un cinéma de genre assez radical comme on n’en fait finalement plus guère depuis les années 1940. En tout cas pas avec un tel regard, et une telle efficacité. Flippant et engagé, dérangeant et fascinant… Et si le premier digne héritier de Carpenter était enfin né ?

Alien 3 (id.) – de David Fincher – 1992

Posté : 13 avril, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, FANTASTIQUE/SF, FINCHER David | Pas de commentaires »

Alien 3

Ridley Scott et James Cameron était de tout jeunes cinéastes quand ils ont réalisé Alien et Aliens (deuxième film pour le premier, troisième pour le second). Pour le troisième opus, c’est à un jeune talent à la fois débutant et expérimenté que les producteurs font appel : David Fincher, qui n’a encore rien réalisé pour le cinéma, mais qui a à son actif des dizaines de clips vidéo qui lui ont valu une belle réputation.

Cette première expérience a été un cauchemar pour un Fincher perfectionniste qui n’a cessé de batailler avec le studio pour tenter d’imposer sa vision. En vain : Fincher n’a cessé de renier le film, et s’en est retourné aussi vite dans l’univers des clips, où il serait peut-être encore si on ne lui avait proposé le scénario de Seven. La suite est une autre histoire, mais c’est avec une certaine perplexité que j’ai revu Alien 3… ou plutôt Alien 3 : le film, qui m’avait fait une assez forte impression en 1992, est-il si mauvais que Fincher ne l’affirme.

Question simple, réponse simple : non. Il y a même de très belles choses dans ce troisième opus. Une esthétique sombre et léchée qui rappelle le passé clipesque de Fincher, et annonce d’une certaine façon Seven. Une évolution assez passionnante du personnage de Ripley, qui redécouvre sa féminité en même temps qu’elle en perd les attributs habituels (en se rasant le crâne et en revêtant une tenue de taulard). Un scénario assez habile qui rompt avec le grand spectacle du film de Cameron sans retomber dans le huis clos de Scott. Une réflexion sur la maternité qui avait déjà été abordée dans le précédent film, et qui aboutit ici à une dernière scène forte, qui conclue assez joliment la trilogie.

Cela étant dit, le film est effectivement malade. On sent bien que Fincher n’a pas eu les coudées franches, et qu’il est contraint par des décors un peu kitsch et des effets spéciaux franchement cheap qui ont nettement plus vieilli que ceux des deux premiers films. Et puis, malgré la violence extrême de l’histoire, malgré son décor (une planète-pénitencier habitée par la lie de l’humanité) le film reste étonnamment lisse et propret, loin du film originel de la saga.

Une réussite en demi-teinte, donc, portée par la présence toujours enthousiasmante de Sigourney Weaver, qui n’a cessé de faire évoluer ce personnage, de film en film.

Didier – d’Alain Chabat – 1997

Posté : 23 mars, 2023 @ 8:00 dans 1990-1999, CHABAT Alain, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Didier

Oui c’est con : un chien, laissé en garde à un type un peu largué, se réveille dans le corps d’un homme sans qu’on sache pourquoi. C’est con, et c’est voué à l’échec. Et oui, ça a un intérêt purement cinématographique assez limité. Mais la magie n’opère pas uniquement dans cette transformation.

Et si le film est si réjouissant, c’est parce qu’Alain Chabat est aux manettes, qu’il ose et qu’il y croit pour son premier film derrière la caméra. Et surtout, parce que personne d’autre que lui n’aurait pu être si… ne disons pas réaliste, non, mais crédible, en chien. Et parce que face à lui, il y a Jean-Pierre Bacri, acteur génial en toutes circonstances, y compris en quadra largué qui réalise que le type à poil qu’il découvre au petit déj dans le panier du chien… c’est le chien.

Didier n’est pas un grand film, pas même un film totalement réussi : on sait gré à Chabat de ne pas avoir chercher une quelconque explication à son miracle, mais ce faux suspense dans les coulisses (pourries) du football paraît franchement superflu. D’ailleurs, si on met de côté les prestations exceptionnelles de Chabat et Bacri, le film est une comédie sympa mais lambda, embarrassée par une quantité de seconds rôles sympas mais lambdas, qui n’apportent pas grand-chose.

Mais il y a ces deux-là, sans qui le film aurait été un fiasco garanti, mais grâce à qui il est devenu (instantanément) l’une des comédies cultes du cinéma français des années 90, et l’une de celles qui a le mieux vieilli. Grâce soit rendu à Chabat et à son regard de labrador. Grâce soit rendu à Bacri et à son sens de la réplique. « Qu’est-ce que je disais, moi?… Ah oui : on ne sent le cul de personne ! »

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