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Archive pour la catégorie 'ACTION US (1980-…)'

Pink Cadillac (id.) – de Buddy Van Horn – 1989

Posté : 11 février, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, ACTION US (1980-…), EASTWOOD Clint (acteur), VAN HORN Buddy | Pas de commentaires »

Pink Cadillac

C’était l’époque où le grand Clint n’avait rien sans rien. La fameuse époque où il sacrifiait avec la Warner à ce principe : un film pour eux, un film pour moi. Principe dont le succès critique et public et la reconnaissance d’Impitoyable le débarrasseront. Trois ans avant son ultime western, Eastwood semble encore loin de ce statut privilégié qui sera le sien.

Entre Bird et Chasseur blanc cœur noir, deux films personnels qui lui vaudront d’être enfin pris au sérieux par les critiques, Eastwood accepte donc d’enchaîner deux films de commande qui peineront à séduire le public : un cinquième Inspecteur Harry et ce Pink Cadillac. Deux films particulièrement dépourvus d’ambition qui résument à eux seuls l’impasse dans laquelle la star se dirigeait… et qui l’amènera à sortir de ses tiroirs ce fameux scénario de western crépusculaire qu’il gardait depuis une dizaine d’années.

Pink Cadillac est un cas unique dans la carrière d’Eastwood : un film si improbable, au-delà même de ses défauts manifestes, que les distributeurs n’ont même pas pris la peine de le sortir en salles dans des pays comme l’Angleterre ou la France, pourtant les premiers défenseurs du cinéma d’Eastwood. Avec cette comédie d’action en Amérique profonde, la star pensait sans doute renouer avec le succès de Doux, dur et dingue et Ça va cogner. Raté.

La parenté avec cet improbable diptyque « avec orang-outan » est évidente. Mais malgré la qualité discutable de ces deux films, la comparaison est toujours cruelle pour Pink Cadillac. Essentiellement pour deux problèmes majeurs. D’abord les méchants du film, suprématistes blancs décidés à dézinguer les noirs et les juifs, mais qui se contentent de dégommer des cibles en carton en pleine forêt, sans pour autant être aussi ouvertement (et drôlement, si le cœur nous en dit) caricaturaux que les « Veuves noires » des précédents. Et puis la bande musicale, trois étoiles dans le diptyque, cheap et moche ici.

Poussif et lourdingue, réalisé mollement par le cascadeur Buddy Van Horn à qui personne d’autre que Clint ne laissera réaliser le moindre film, Pink Cadillac n’est cependant pas totalement aussi calamiteux que cela. Malgré ses plus de deux heures, il se laisse même voir avec un certain plaisir intermittent, grâce surtout au cabotinage de Clint, dans le rôle d’un détective qui aime se déguiser pour retrouver des fugitifs (en roue libre dès qu’il se déguise, plus posé au naturel), et à l’interprétation assez rigolote de Bernadette Peters.

Très dispensable, donc. Pink Cadillac ne vaut que comme l’étrange jalon qu’il est dans la carrière de Clint Eastwood, sur le point de prendre une direction nettement plus engageante…

Demain ne meurt jamais (Tomorrow never dies) – de Roger Spottiswoode – 1997

Posté : 7 février, 2019 @ 8:00 dans * Espionnage, 1990-1999, ACTION US (1980-…), James Bond, SPOTTISWOODE Roger | Pas de commentaires »

Demain ne meurt jamais

Pas mal, ce deuxième Bond de l’ère Brosnan. Après le très réussi Goldeneye, l’ami Pierce aurait sans doute aimé plus de profondeur, plus de noirceur, plus de complexité pour son personnage. Mais quand même : il tue, il souffre, il affiche un cynisme bienvenue, et il le fait avec style, classe et panache. Franchement, on n’en demande pas beaucoup plus.

Pas (trop) d’humour lourdingue, non plus, comme dans le triste Meurs un autre jour. Ici, l’humour est en grande partie circonscrite aux scènes d’action, par ailleurs très inventives : c’est ainsi qu’on a le droit à une poursuite en voiture… télécommandée par un Bond dissimulé entre les sièges (un peu plus intéressant visuellement qu’une certaine voiture invisible), et surtout à une autre poursuite en moto pilotée en mode duo.

C’est peut-être la séquence la plus réussie et la plus importante du film : cette poursuite où Bond et une sorte d’alter ego au féminin sont obligés de se partager l’écran, reliés l’un à l’autre par des menottes. Une belle séquence assez virtuose, pleine de rythme et d’idées, autour d’un duo qui ne tiendra hélas pas vraiment ses promesses.

Dans le rôle de cette espionne musclée, Michelle Yeoh semblait un choix idéal. Pourtant, la superstar de Hong Kong semble constamment mal à l’aise, en retrait. Pas gâtée c’est vrai par un scénario qui la garde systématiquement à distance de 007, comme s’il n’était pas encore temps de confronter le plus célèbre des agents de sa majesté à une femme digne de lui.

C’est la même impression qui domine avec l’autre Bond Girl, qui répond à une autre ambition louable mais trop timide : révéler l’humanité de Bond en lui prêtant une vraie histoire d’amour surgie du passé. Teri Hatcher est belle comme tout, mais son personnage se limite un peu à ça. Une leçon dont les scénaristes sauront se souvenir avec Casino Royale.

Quant au grand méchant, magnat des médias qui créent des catastrophes pour s’offrir des scoops, il résume à la fois les forces et les faiblesses du film. Caricatural et jamais vraiment crédible ni effrayant, il est incarné par un Jonathan Pryce en roue libre qui s’offre une interprétation toute en gourmandise et en excès. Il en fait des tonnes, mais il est irrésistible, en particulier quand il se fout ouvertement de la gueule de Michelle Yeoh experte en arts martiaux, ou quand il se comporte en gamin à qui on aurait cassé son jouet…

Un plutôt bon cru, donc, qui remplit joyeusement son cahier des charges : action, dépaysement, gadgets, et chouette chanson de générique (signée Sheryl Crow). Un James Bond, quoi.

Meurs un autre jour (Die another day) – de Lee Tamahori – 2002

Posté : 4 février, 2019 @ 8:00 dans * Espionnage, 2000-2009, ACTION US (1980-…), James Bond, TAMAHORI Lee | Pas de commentaires »

Meurs un autre jour

Du bon et du beaucoup moins bon, pour ce Bond officiellement estampillé n°20. Et ce contraste apparaît dès l’incontournable séquence d’ouverture, à la fois poussive et éphémèrement grotesque (l’arrivée en surf ? vraiment ?), et aussi assez maline : comment répondre à la question brûlante que personne ne se pose vraiment… mais où donc était James Bond le 11 septembre 2001 ?

Il était donc dans une prison de Corée du Nord, où il est resté plus d’un an, subissant interrogatoires et tortures avant d’être échangé contre un autre prisonnier politique. Une entrée en matière particulièrement sombre et audacieuse, qui semble répondre aux aspirations de Pierce Brosnan d’incarner un Bond plus intense, plus noir, plus brut.

Las… La suite lorgne d’avantage du côté de Roger Moore que de Sean Connery, même si ce vingtième opus multiplie les clins d’œil aux premiers films de la saga : Halle Berry qui sort de l’eau comme Ursulla Andress quarante ans avant elle bien sûr, mais aussi le laser et le siège éjectable de Goldfinger. Mais ce qui domine, c’est un humour bon enfant, des dialogues à double-sens d’une lourdeur affligeante, et une surenchère qui, loin de constituer un sommet, représentera une fin de règne bien involontaire pour le pauvre Pierce.

Ultime image de cette surenchère malheureuse : la voiture invisible, sommet de « what the fuck » qui symbolisera rétrospectivement l’impasse de la logique dans laquelle s’enfermait 007, qui aboutira à l’éviction de Brosnan (qui méritait mieux), et au premier vrai reboot de la série, avec Casino Royale. Cette voiture invisible est bien sûr totalement ridicule, mais colle parfaitement à l’esprit de la séquence finale, climax se déroulant dans un palais de glace où Bond affronte des méchants artificiels, qui forcément manque totalement d’humanité et de profondeur.

Et ce n’est pas la prestation incroyablement transparente de Halle Berry, qui se contente d’être belle (pour ça, elle n’a pas grand-chose à faire) sans rien apporter à son personnage, pseudo-alter ego féminin de 007. « Une belle vue », comme le répète Bond dès qu’elle apparaît. Pas plus que celle de Rosamund Pike, très jolie et très froide dans le rôle d’une James Bond Girl très jolie, et très, très froide. Bond est décidément le plus misogyne de tous nos héros, éternellement entouré de belles plantes qui n’incarnent rien. Dommage.

Finalement, le rôle féminin le plus marquant serait presque celui de Madonna, plus convaincante dans son minuscule rôle (une apparition clin d’œil en maîtresse d’escrime, rien de plus) que dans son interprétation de la chanson de générique, très électro et déjà très datée.

De ce grand spectacle outrancier et glacé, on sort avec le sentiment d’un gâchis, pour le spectateur et pour Pierce Brosnan, dont on ne dira jamais assez à quel point sa classe naturelle correspondaient parfaitement à l’idée qu’on se faisait du plus célèbre des agents de sa majesté. Une idée que, après ces excès pas franchement assumés, il fallait absolument redessiner. Et c’est l’ère de Daniel Craig qui s’ouvre…

Rambo 3 (id.) – de Peter MacDonald – 1988

Posté : 9 janvier, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, ACTION US (1980-…), STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Rambo 3

Je dois faire un petit mea culpa. Rien de révolutionnaire, certes, mais il me faut reconnaître que Rambo 3, eh bien ça n’est pas si mal que ce que j’ai pu en dire dans d’autres chroniques, évoquant ce film comme l’une des pires bouses de la carrière de Stallone. D’abord, il a fait bien pire depuis (Evasion 2, quand même). Ensuite, ce troisième volet a certes un côté nanardesque, mais pas plus que l’épisode 2. Et puis, mine de rien, Stallone y fait déjà l’ébauche d’un retour aux sources, quant à la nature de son personnage. L’ébauche, j’ai dit.

Oui, Rambo reste comme dans le précédent une machine de guerre aux muscles soigneusement huilés et à la chevelure soyeuse. En cela, le film a les mêmes excès cruellement datés que Rambo 2, avec une esthétique très années 80 qui trouve son apogée lors d’un plan sublime : au début du film, Stallone se tourne pour la première fois face caméra dans un plan dramatisé à l’extrême qui inspirera des tas de caricatures… souvent moins caricaturales que l’original.

Mais quand même, ce Rambo 3 est loin d’être inintéressant. Le personnage, d’abord, affiche une lassitude et une envie de paix plus proches du film originel que de sa première suite. Et puis les parti-pris narratifs et esthétiques sont relativement ambitieux: plutôt que de se contenter d’un nouveau retour au VietNam, ou dans un autre pays à la végétation luxuriante, le film prend le contre-pied, et conduit le héros en Afghanistan, dans des paysages poussiéreux et dépouillés.

Visuellement, c’est très réussi. Différent des deux films précédents, mais avec une vraie ambition esthétique qui tape parfois à côté (quelques scènes sont un peu ternes), et qui fait parfois mouche, notamment lors d’une belle scène au fond d’une grotte, sombre et violente. D’une manière générale, les décors sont utilisés très efficacement. D’autant plus intéressant que ces décors sont à peu près inédits dans les grosses machines hollywoodiennes.

Il y a aussi une vraie bienveillance envers le peuple afghan, que le film prend le temps de mettre en scène, même si les facilités narratives et les stéréotypes sont bien là. Et même si on sent bien que cette bienveillance répond à une autre logique, qui pourrait se résumer ainsi : « tout ce qui peut faire chier les Soviétiques est bon à prendre ».

Mais le plus gros problème du film, c’est le colonel Trautman, ou Richard Crenna. Est-ce le personnage qui est mal dessiné ? Est-ce l’acteur qui joue mal ? Un peu des deux, sans doute. Trautman n’est en tout cas pas un personnage intéressant : son seul intérêt dans le premier film était de confronter Rambo à ses démons et à ses faiblesses. Ici, Trautman a un rôle central. D’abord comme représentant l’objectif de Rambo (le colonel est prisonnier des Russes), puis en tant que sidekick de notre héros.

Et c’est là que ça cloche. Absent, Trautman est une figure importante. Présent, il fait perdre à Rambo toute sa consistance, toute sa cohérence. Dans cette dernière partie, les deux personnages sont côte à côte et passent leur temps à se balancer des punchlines grotesques, se vannant face à l’armée russe qui menace de les faire passer de vie à trépas. Curieux et totalement hors sujet.

Ce drôle de flottement peut-il être mis sur le compte d’une production compliquée ? Russell Mulcahy, engagé pour réaliser sa première grosse production hollywoodienne, s’est fait virer tardivement pour différents artistiques comme on dit (tu m’étonnes : le résultat est aux antipodes de l’univers clipesque du gars), remplacé au pied levé par un Peter MacDonald qui n’était alors que réalisateur de la deuxième équipe. Le relatif échec du film pèsera sur la suite de sa carrière. Celle de Mulcahy ne fera pas illusion bien longtemps.

48 heures (48 hrs.) – de Walter Hill – 1982

Posté : 4 janvier, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, ACTION US (1980-…), HILL Walter, POLARS/NOIRS | Pas de commentaires »

48 heures

Un flic dur à cuire (et blanc) doit faire équipe avec un jeune taulard (noir) pour retrouver des tueurs particulièrement dangereux. C’est le film qui a lancé la mode des buddy movie, ces polars et films d’action mettant en scène des duos mal assortis, qui vont pulluler à partir de la seconde moitié de cette décennie. C’est aussi le tout premier film du jeune Eddy Murphy, alors humoriste très populaire à la télé américaine, pour qui les années 80 seront triomphales.

36 ans plus tard, son génie comique si souvent vanté n’est plus aussi flagrant. Il faut dire que, même s’il apporte une certaine légèreté à son personnage de repris de justice, Reggie Hammond n’est pas Axel Foley (Le Flic de Beverly Hills). Et derrière la caméra, c’est Walter Hill qui s’y colle, cinéaste pas franchement porté sur la déconne, qui semble constamment retenir la bride de Murphy, tout en cravachant sauvagement son sidekick Nick Nolte pour libérer un maximum son côté badass.

Clairement, ce n’est pas le film le plus personnel de Hill, que l’on sent le cul entre deux chaises, conscient de la nécessité de jouer sur la cool attitude d’Eddy Murphy, mais plus désireux de livrer un polar nerveux et violent. Le résultat est logiquement un peu bâtard, mais c’est bien le côté sombre et rude qui domine la plupart du temps, avec une vraie tension dans quelques scènes franchement réussies : celle de la fusillade dans l’hôtel notamment, explosion de violence qui ne laisse pas indifférent.

Hill réussit aussi à glisser son amour pour le western dans une séquence d’ouverture aux antipodes de l’atmosphère très urbaine du film. Son film flirte par ailleurs souvent avec la caricature, penchant parfois du côté de l’excès, notamment avec les personnages de bad guys sans surprise et sans profondeur. Mais avec aussi quelques effets plutôt réussis, à commencer par deux scènes jumelles qui montrent l’une le jeune détenu noir dans un bar de blancs jouant de la musique country, l’autre le flic blanc à l’ancienne dans un bar de noirs branchés. Ou comment jouer à fond la carte du buddy movie.

Rambo 2 : la mission (Rambo : First Blood, part 2) – de George Pan Cosmatos – 1985

Posté : 22 décembre, 2018 @ 8:00 dans 1980-1989, ACTION US (1980-…), COSMATOS George Pan, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Rambo 2

1985 est une année charnière pour Stallone. Mine de rien, jusque là, l’acteur ne doit son succès qu’à Rocky (déjà trois films à son actif), et à un Rambo sombre, intense et humain. A part ça, quelques films de genre qui n’emportent pas l’adhésion des masses (Les Faucons de la nuit), des collaborations prestigieuses qui ne convainquent personne (Norman Jewison pour F.I.S.T., John Huston pour A nous la victoire), et des tentatives louables de se diversifier. C’est ainsi que, depuis le premier Rambo, il a mis en scène la suite de La Fièvre du samedi soir (Staying Alive), et donné la réplique à Dollie Parton dans une comédie musicale totalement oubliée (Rhinestone).

Autant dire que lui-même est conscient à la fois de ses forces et de ses limites. Et en cette année 1985, il opère un virage spectaculaire et payant, se créant un personnage bigger than life parfaitement dans son époque, qui fera de lui l’incarnation absolue de cette Amérique des années 80. Un virage totalement assumé, quitte à rompre avec l’essence même de ses personnages, sacrifiant leur humanité au profit d’une imagerie spectaculaire censée emportée les foules.

Triomphe il devait y avoir, triomphe il y eût, bien sûr. Pour Rocky 4, symbole de la grandeur américaine face à la menace rouge. Et pour Rambo 2, symbole d’une Amérique héroïque qui veut rompre avec les scandales étatiques et les traumatismes des décennies précédentes, impasse du VietNam en tête. A la recherche d’un succès après trois années vides, Stallone se réinvente en deux films… C’est d’ailleurs intéressant de noter qu’il se relancera également en enchaînant Rocky Balboa et John Rambo après dix ans de galères, et qu’il vient une nouvelle fois de renouer avec ses deux personnages fétiches après un petit flottement post-Expendables.

Revenons à ce Rambo 2 quand même, film d’action qui, mine de rien, contribue à révolutionner le genre. L’évolution depuis le premier film symbolise parfaitement l’évolution du genre au cours de ces quelques années. Plus musclé, plus explosif, plus mortel, clairement moins psychologique, Rambo 2 ouvre l’ère hollywoodienne des gros bras et de la surenchère. C’est un contre-pied total par rapport au Rambo originel, presque une trahison (pas tant dans les actes du personnage que pour l’absence assumée de psychologie). Mais c’est aussi d’une efficacité imparable.

Passons sur la mise en scène de Cosmatos, sur cette esthétique très marquée années 80, et sur cette manière de filmer avec amour et dévotion les muscles bandés et huileux de Stallone (c’est fou ce que casser des cailloux dessine parfaitement un corps… à méditer, amis bodybuilders). Le film bénéficie d’une très belle photo, chaude et lumineuse, de Jack Cardif, directeur de la photo légendaire qui a notamment travaillé sur Le Narcisse noir et African Queen. Un vétéran toujours très à l’aise dans ce Hollywood nouvelle génération.

Quant au scénario minimaliste de Stallone et James Cameron, il se contente grosso modo d’enchaîner les scènes d’action. Rambo tire, il plante, il pointe, il court, il grimace, il crie… Il dessoude à lui seul l’armée nord-vietnamienne et l’armée russe… avec une économie de mots dont on lui sait gré, tant ses rares tirades sont grotesques. Tout un symbole, oui.

Ronin (id.) – de John Frankenheimer – 1998

Posté : 17 décembre, 2018 @ 8:00 dans 1990-1999, ACTION US (1980-…), DE NIRO Robert, FRANKENHEIMER John | Pas de commentaires »

Ronin

OK, John Frankenheimer a eu des jours meilleurs. Le vieux briscard, dont l’heure de gloire remonte quand même à vingt bonnes années, a à peu près perdu toute ambition en cette fin de carrière (il devait mourir quatre ans plus tard), et se contente ici d’un thriller d’action explosif qui recycle tout ce qui marche à l’époque. OK.

N’empêche, il y a derrière Ronin un authentique savoir-faire, et une efficacité qui force le respect. Si, si. Sans crier au génie, cette longue course poursuite sur les routes de France, entre Paris et la Provence, procure un plaisir bien réel, et très simple : tout repose sur le mouvement, sur la poursuite, sur la course en avant. Un pur film d’action, donc.

Dès les premières images, le parti-pris de Frankenheimer est clair : c’est en France qu’il pose ses caméras, c’est de la France qu’il va mettre en valeur à peu près tous les stéréotypes. A Paris, on a donc droit à de belles images de pavés humides, à des ruelles pleines de charmes, à des quidams portant bérets, et à des gens qui font la gueule. Dans le Sud, un soleil éclatant, des marchés colorés et des joueurs de pétanque.

On pourrait en vouloir à Frankenheimer d’avoir une vision si stéréotypée de la France, lui qui y a tourné un French Connection 2 nettement plus intéressant (au moins, le point de vue était clairement celui d’un Américain). Mais les images sont belles, le rythme impeccable, et Jean Réno est très à l’aise au côté d’un De Niro impeccable.

On lui pardonne moins en revanche son hommage tout pourri au Samouraï, dont il ne garde qu’une vague idée (le titre, une citation qui ouvre le film), mais dont il ne sait jamais quoi faire. L’esprit de Melville ne plane jamais sur Ronin, qui flirte plutôt, ouvertement et efficacement, du côté de Heat, bruit et fureur compris.

Broken Arrow (id.) – de John Woo – 1996

Posté : 8 décembre, 2018 @ 8:00 dans 1990-1999, ACTION US (1980-…), WOO John | Pas de commentaires »

Broken Arrow

Pas une colombe, pas un pigeon… Woo se la joue relativement modeste pour son deuxième film américain (après le Van Dammien Chasse à l’homme). On retrouve bien quelques-uns de ses thèmes et de ses figures de prédilection : beaucoup de ralentis, et l’opposition manichéenne entre deux doubles inversés. Mais on est loin, très loin, des outrances jouissives de The Killer, ou de Mission Impossible 2 et Volte/Face, ses deux films suivants, les deux sommets de sa carrière hollywoodienne.

Comme il se doit, Broken Arrow est con comme c’est pas permis. L’histoire n’a aucun intérêt, la psychologie inexistante, la vie humaine n’a aucun poids, et le réalisme cède toujours le pas face à l’effet immédiat. Il n’y a qu’à voir la représentation des militaires, digne de la plus mauvaise des séries B. Woo ne recherche que la cool attitude, et se contrefout de se rapprocher d’une quelconque vérité.

La palme, bien sûr, revient à Travolta, cabot sans filet, dont le moindre mouvement, la moindre réplique, la moindre mimique, est too much. Des tonnes, qu’il en fait, se la pétant « mec le plus cool du monde » dès qu’il tire une taffe à sa cigarette. Mais c’est tout l’intérêt du film : savoir ne pas se donner de limites.

Et c’est quand il va le plus loin qu’il est le plus efficace, quand il se rapproche le plus de la bande dessinée, et surtout du jeu vidéo, dont il reprend quelques-uns des codes : la vision subjective (le bras armé en gros plan, qui semble être celui du spectateur), les armes que Christian Slater ramasse au fil de sa « mission », de plus en plus grosses, les décors qui donnent tous lieux à une baston ou une fusillade, comme à la fin d’un niveau de jeu vidéo.

Le film ne manque pas de ces moments d’outrances réjouissantes, entre deux plages banales et un rien ennuyeuses. Verdict ? Tiède, mais pas désagréable.

Mission Impossible : Fallout (id.) – de Christopher McQuarrie – 2018

Posté : 8 octobre, 2018 @ 8:00 dans * Espionnage, 2010-2019, ACTION US (1980-…), CRUISE Tom, McQUARRIE Christopher | Pas de commentaires »

Mission Impossible Fallout

Christopher McQuarrie qui rempile à la tête de la saga, premier cinéaste à diriger deux Mission Impossible ? L’annonce semblait confirmer la sérialisation que prenait l’enthousiasmante machine à succès de Tom Cruise, sous l’influence de JJ Abrams. Sauf que c’est tout le contraire qui se produit : non seulement ce MI6 est très différent de MI5 (pourtant dû au même réalisateur, donc), mais il ouvre de nouvelles perspectives et rappelle que, avant d’être une machine à succès, la série est un formidable laboratoire pour réinventer le cinéma d’action, et ringardiser toutes les grosses productions hollywoodiennes d’aujourd’hui et d’hier.

Plus sombre, plus humain, plus riche, plus complexe, ce Fallout s’inscrit dans la continuité du précédent (c’est la première fois que l’on retrouve autant de personnages secondaires d’un film à l’autre, et que les intrigues se font suite), tout en changeant subtilement la donne. L’ouverture du film illustre bien ce changement de cap. Là où Rogue Nation commençait par une séquence d’action hallucinante… et totalement inutile à l’intrigue, Fallout commence comme un film noir, poisseux et dénué d’action.

Et c’est, d’emblée, fascinant : Ethan Hunt hanté par ses démons et visiblement plus vulnérable, une mission délivrée sur un appareil à bandes d’un autre âge, qui renvoie directement à la série originale (les références aux précédents films sont également légions) dans une esthétique rétro inquiétante et envoûtante… Le générique, qui arrive assez tardivement et dévoile des images des scènes clés à venir (une tradition depuis l’épisode 3), annonce des tonnes d’action. Mais plus que jamais, la psychologie des personnages est centrale.

Il y est beaucoup question de la responsabilité d’Ethan face à la violence, qu’il passe quand même son temps à amener dans les plus grandes villes du monde (ici, Londres et surtout Paris, où il offre l’expérience de sa vie à une actrice inconnue qui, l’espace d’une petite scène dans le rôle d’une fliquette que Tom Cruise sauve de la mort par un ébouriffant accès de violence, trouve de quoi raconter à ses enfants et petits-enfants pour le reste de sa vie !).

Le personnage n’a sans doute jamais été aussi complexe. Il faut dire que, jusqu’à présent, il manquait un alter ego de taille. Aucun des sidekicks de Cruise n’ont jamais fait le poids, malgré leurs qualités respectives. Jusqu’à l’apparition de Rebecca Ferguson, dont le personnage trouble d’Ilsa, agent britannique, fascinait déjà dans l’opus précédent. Elle gagne encore en profondeur, et ce sont ses rapports ambigus avec Ethan qui donnent quelques-unes des plus belles scènes.

A tel point qu’on ne peut que se réjouir de voir la trop douce et trop lisse Julia (la femme d’Ethan, interprétée depuis 2006 par Michelle Monagham) ne revenir sur le devant de la scène que pour lui trouver une sortie honorable, et sans doute définitive. De quoi attendre le prochain épisode avec impatience et confiance, tant le personnage d’Ilsa semble avoir encore beaucoup à livrer.

Fallout réserve d’ailleurs de longues plages étonnamment calmes, où l’action se fait plus discrète, plus classique, voire se passe hors écran. Une posture rare dans le cinéma d’action : McQuarrie et Cruise savent ménager leurs effets, réussissant une rencontre à peu près parfaite entre le cinéma d’espionnage et le film noir à l’ancienne, et le meilleur du cinéma d’action.

Car les séquences d’action sont ahurissantes. Evidemment, devrais-je ajouter, tant la saga est devenue au fil des épisodes le repère absolu en matière d’inventivité et d’efficacité dans le domaine. Toujours garantie sans écrans verts et avec un minimum d’effets numériques. Pour faire simple : on se contente d’effacer les câbles de sécurité, tout étant réalisé « pour de vrai » dans les vrais décors.

Le fait que Tom Cruise réalise lui-même ses cascades n’est, de fait, pas anecdotique : cette posture à peu près unique pour une star de son calibre permet au spectateur une immersion totale, qu’il saute d’un avion à très haute altitude au-dessus de Paris, qu’il s’accroche à un hélicoptère slalomant entre les montagnes (hélico que, bien sûr, il finira par piloter lui-même), qu’il saute d’un immeuble à l’autre à Londres (dans l’une des rares séquences franchement drôles… qui lui vaudra une cheville cassée), ou qu’il pilote sa moto dans les rues bondées de Paris… L’expérience est exceptionnelle.

Evasion 2 : le labyrinthe d’HADES (Escape Plan 2 : HADES) – de Steven C. Miller – 2018

Posté : 7 octobre, 2018 @ 8:00 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), MILLER Steven C., STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Evasion 2

Un mystère. Comment, après avoir connu une longue traversée du désert et réussi à redevenir une icône du cinéma musclé à l’âge où tous ses confrères sont renvoyés à leurs parterres de fleurs, Stallone a-t-il pu tomber aussi bas ? Lui qui, depuis qu’il a soufflé ses 60 bougies, s’impose comme le garant d’un cinéma d’action à l’ancienne brut et honnête, dépouillé de ses travers des années 80, réussit l’exploit de faire pire que tout ce qu’il a fait de pire.

Evasion 2 est de ce niveau-là, à faire passer Over the Top ou Cobra pour de grands films. Ou presque. On ne peut même pas dire que le film soit raté : c’est juste une sorte d’aberration, une accumulation de scènes qui ne prennent même pas la peine de s’enchaîner convenablement, une interminable succession de plans syncopés incapables de tirer quoi que ce soit des quelques ébauches d’idées.

En fait, cette suite n’a à peu près aucune raison d’être. Le film original valait avant tout pour la confrontation entre Stallone et Schwarzenegger. Le second étant absent, que reste-t-il ? Stallone ? Même pas, ou si peu… Succès très modeste dans la plupart des pays, le premier film avait cartonné sur le marché asiatique. La vraie vedette est donc un Chinois, membre de l’équipe de Breslin (Stallone, spécialiste en sécurité et évasion, donc), qui se fait enfermer dans une prison high tech.

D’un film d’évasion, on pourrait au moins s’attendre à des trouvailles scénaristiques qui permettraient aux prisonniers de se confronter à leur prison. Même pas : non seulement il est visuellement très laid, bourré de robots et de gadgets hich-tech plombés par des effets spéciaux d’un autre âge, mais il suffit d’un hacker qui n’a rien d’autre à faire que de regarder son écran tout au long du film pour tout faire péter. J’exagère à peine : l’imposant Dave Bautista arrive in fine pour dégommer quelques méchants.

Reste le plaisir de voir Stallone en action. Plaisir bien mince, et bien éphémère : sa présence à l’écran ne doit pas dépasser les 15 minutes. Et allez, je spoile, ça vous évitera de perdre 90 minutes : son principal acte de bravoure (si on excepte une fusillade et une bagarre assez plaisantes et 1 bon mot : « It’s bad to be back ») est de s’être fait greffer un émetteur-récepteur dans une dent. Gênant. Le pire là-dedans, c’est que Stallone a déjà tourné Evasion 3.

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