The Ghost Camera (id.) – de Bernard Vorhaus – 1933

Un mystery movie comme on en tournait à la chaîne dans les premières années du parlant en Angleterre. Pas exactement la période la plus stimulante de l’histoire du cinéma. Et ce film, qui dépasse à peine l’heure de projection pour faire partie d’un double programme, n’échappe aux défauts inhérents au genre, défauts qui reposent tout de même en grande partie sur des réalisateurs au talent pour le moins discutable.
Le scénario n’est ni meilleur ni pire qu’un autre : un célibataire très british et très ennuyeux découvre à son retour de vacances un appareil photo dans ses bagages, développe la pellicule, et tombe sur le cliché d’une scène de crime. Il se met alors à mener l’enquête, avec une série de facilités et de rebondissements qui doivent autant au film d’épouvante bis qu’au polar bis. Sachant que c’est surtout le « bis » qui compte.
Situations tirées par les cheveux, psychologie inexistante, rythme pour le moins flottant… Et pourtant, The Ghost Camera fait plutôt figure d’heureuse exception dans le paysage si interchangeable de ces toutes petites productions souvent anonymes. Pas grâce aux acteurs, surjouant le flegme britannique. On notera quand même l’apparition d’Ida Lupino, pas encore grande, dans l’un de ses premiers rôles. Difficile d’imaginer qu’elle n’a alors que 15 ans…
Mais après une quarantaine de minutes vaguement plaisantes, la mise en scène de Bernard Vorhaus devient plus dynamique, et nettement plus inventive, pour une séquence de procès qui éveille l’attention. Un accusé qui semble se refermer sur lui-même au fil d’un simple interrogatoire, le croquis d’un dessinateur qui illustre le drame se nouant, des plans qui se répondent avec une certaine audace…
Le temps de cette belle séquence, le talent de Vorhaus s’impose en fait, et on se rappelle que le réalisateur a souvent su glisser des détails mémorables dans des films a priori peu ambitieux. The Ghost Camera est ainsi un film très imparfait, mais finalement une bonne surprise.