Tandem – de Patrice Leconte – 1987
Un mystérieux chien rouge, un vélo qui tombe du ciel… Doit-on soupçonner Patrice Leconte d’avoir voulu faire de Tandem un conte flirtant avec la métaphysique, une plongée lynchienne dans la psyché de ses personnages ? C’est peut-être aller un peu loin, mais ces détails mystérieux, vaguement absurdes, pas vraiment inquiétants, témoignent du fait que Leconte est un cinéaste ambitieux… mais peut-être pas le plus grand formaliste.
Sur cet aspect, le film ne fait qu’entrouvrir des portes qu’il ne franchit jamais. De quoi faire regretter qu’il les ait même entrouvertes. Parce que ses personnages seuls suffisaient, et c’est là que Leconte est le plus convainquant : dans la sincérité pleine de tendresse avec laquelle il filme des personnages flirtant très allégrement avec le ridicule. De cet animateur radio vieillissant, vieux beau cabot cachant derrière sa grandiloquence un profond mal-être ; et de son technicien qui semble ne vivre que par procuration au côté de ce mentor qu’il protège malgré lui, Leconte aurait pu faire des personnages grotesques, objets de tous les rires.
Ce n’est pas le cas, bien sûr. Il fait même de ce tandem joué par Jean Rochefort (truculent et touchant) et Gérard Jugnot (modeste et touchant itou) l’un des plus beaux de son cinéma. On sait que le scénario s’inspire du fameux Jeu des 1000 francs (ce que Lucien Jeunesse apprécia peu), mais ce n’est qu’un prétexte pour confronter l’image des « gens de médias » à la réalité provinciale. Et pour arriver à cette conclusion, assez courante chez Leconte : le ridicule n’est pas forcément celui qu’on croit.
Bien sûr, ce n’est pas révolutionnaire, mais ça prend toute sa dimension dans les scènes les plus a priori outrées. Cella, par exemple, où Rochefort s’emporte contre une famille pique-niquant au bord d’une route très passante, sortant des horreurs au visage d’un Ged Merlon fasciné par la faconde de l’homme. Dans un moment comme ça, Leconte réussit à transcender son sujet, pour faire ressentir une extrême bienveillance. C’est très touchant.

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