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Archive pour novembre, 2024

L’Espion qui m’aimait (The Spy who loved me) – de Lewis Gilbert – 1977

Posté : 4 novembre, 2024 @ 8:00 dans * Espionnage, 1970-1979, GILBERT Lewis, James Bond | Pas de commentaires »

L'Espion qui m'aimait

Après un opus étonnamment modeste en termes d’enjeux (le séduisant L’Homme au pistolet d’or), Roger Moore endosse pour la troisième fois le smoking de 007, et la saga prend une tournure nettement plus extrême… ce qui n’est pas une bonne nouvelle.

L’Espion qui m’aimait est même le premier Bond où le sentiment de trop plein s’exprime vraiment. C’est aussi le plus misogyne, le plus lourdingue, le plus riche en gadgets (et en apparitions de Q). Bref, c’est l’inauguration d’une ère du grand n’importe quoi.

C’est un peu comme si les producteurs avaient décidé de faire oublier leur manque d’idées neuves par une suraccumulation de tout : de décors, d’explosions, de morts, de femmes dénudées et offertes (c’est à peu près tout ce qu’on leur demande), comme cette pauvre Barbara Bach, présentée comme une alter ego russe de 007, et condamnée à suivre l’agent british et très mâle avec ses yeux énamourés et ses décolletés plongeant, les rares moments où elle lui tient tête apparaissant comme de maladroites justifications de sa présence.

Même surenchère côté enjeux : il s’agit ici rien moins que de sauver le monde, promis à la destruction par une sorte de néo capitaine Némo joué par Curd Jürgens qui rêve de créer un nouveau monde sous-marin. Bien sûr, on pourrait se dire : pourquoi pas, après tout ? Mais on a plutôt envie de rétorquer : ben oui, mais pourquoi ?

Ce Bond là est aussi le premier à avoir à ce point vieilli. A cause des effets spéciaux très datés, de l’humour lourdingue de Bond/Moore, de la vision qu’il offre des femmes. Quelques moments forts, quand même : le son et lumière à Gizeh, la grande fusillade inhabituellement violente… Mais surtout pas mal de moments franchement gênants : la course poursuite à ski, la voiture sous-marin…

Ce Bond épisode 10 est, de loin, le plus faible des quinze premières années.

Les Sentiers de la perdition (Road to Perdition) – de Sam Mendes – 2002

Posté : 2 novembre, 2024 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 2000-2009, MENDES Sam, NEWMAN Paul | Pas de commentaires »

Les Sentiers de la perdition

Trois ans après American Beauty, Sam Mendes change de registre et confirme son talent, en même temps que son goût pour les personnages troubles. Il nous plonge dans l’Amérique de la Prohibition, celle des gangsters de l’Illinois, avec l’ombre d’Al Capone qui règne, même si jamais il n’apparaît.

La période est particulièrement cinégénique, ce n’est pas nouveau, et a été au cœur de nombreux films, de Scarface à Il était une fois en Amérique. Mais le regard que porte Mendes réussit déjà ce petit miracle d’être neuf, avec une vision à la fois très réaliste et toute en épure, presque symbolique, de ce milieu des gangsters irlandais dont il est question.

Comme il le fera dix ans plus tard en réalisant son premier James Bond (Skyfall), la tragédie que met en scène Mendes ne peut qu’être shakespearienne, et familiale. Son film est intense, impressionnant même. Mais il est aussi et avant tout intime : l’histoire de liens pères-fils qui se croisent et se contrarient, jusqu’au point de non retour.

Tom Hanks est un mari et un père sans histoire. Un peu triste, et franchement austère, mais aimant et doux. Ce que son fils aîné ignore, et qu’il apprend en se glissant un soir dans le coffre de sa voiture, c’est que son père est un homme de main dévoué au service de la pègre, autrement dit un homme qui tue de sang froid et sans ciller. Ce qu’il voit de ses propres yeux, vous imaginez le choc…

Ce qu’il ignore aussi, c’est que le brave « old man » avec qui il aime tant passer du temps à jouer, et qui considère son père comme son propre fils, est le puissant patron de la pègre irlandaise. C’est Paul Newman, dont le charisme incroyable n’a en rien perdu de sa force, à l’approche du grand âge. Dans son dernier grand rôle, il est magnifique en père de cœur soumis au pire des choix.

Parce que le vieux Newman a un vrai fils de sang, héritier naturel mais indigne, joué par un Daniel Craig dans sa période pré-007, mais qui s’octroyait déjà le permis de tuer. En l’occurrence le fils gênant de Tom Hanks, témoin d’un meurtre qu’il n’aurait pas dû voir. Sauf que le rejeton indigne tue le mauvais gamin, et la mère avec.

Et voilà Tom Hanks forcé de prendre la fuite pour mettre son fils en sécurité, tout en cherchant à se venger de la famille de son mentor. Et voilà Paul Newman forcé de tourner le dos à celui qu’il aime comme un fils, pour ne pas abandonner ce vrai fils si indigne, conscient que la tragédie est en marche, et que rien désormais ne pourra l’arrêter.

Ajoutez à ça un tueur étrange, photographe fasciné par l’image de la mort (Jude Law), et quelques (rares) seconds rôles qui sont comme des stéréotypes résumant à eux seuls toutes les facettes d’une Amérique qui se débrouille comme elle peut de la Dépression… Les Sentiers de la perdition est un film fascinant, sur lequel plane constamment la mort et les regrets.

Visuellement, la reconstitution est très appliquée. Elle le serait même un peu trop s’il n’y avait cette pluie qui vient troubler le réalisme des situations, frôlant par moments l’abstraction comme dans le sommet esthétique du film : la grande séquence du règlement de comptes d’une beauté tragique assez hallucinante, face à face magnifique entre deux acteurs immenses, dont les regards hantent longtemps le spectateur.

Gardez le sourire – de Paul Féjos – 1933

Posté : 1 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1930-1939, FEJOS Paul | Pas de commentaires »

Gardez le sourire

Curieuse chose que ce Gardez le sourire (version française d’un film autrichien, Sonnenstrahl), que son titre et le générique annoncent comme une comédie, mais qui s’ouvre sur un drame social, avant de bifurquer vers la fantaisie… Film curieux, oui. Et anodin, aussi.

Il y a certes beaucoup de belles choses dans ce film aussi foutraque que sincère et généreux. Mais il y a aussi un manque cruel de cohérence, et de constance.

L’ombre de Chaplin plane dès le début du film : Chaplin dans sa veine la plus sociale. La manière même dont Féjos filme ces chômeurs, les regards tournés vers les offres d’emploi, la mise en scène isolant l’un d’eux, évoque furieusement une fameuse séquence de L’Emigrant.

Pas de travail, pas d’espoir… L’homme sans avenir (Gustav Fröhlich, le héros de Metropolis) s’apprête alors à se jeter dans le fleuve, rencontrant une femme aussi désespérée que lui (Annebella) dans une séquence qui, cette fois, cite très ouvertement Les Lumières de la Ville, référence incontournable pour ce film.

Les deux désespoirs se sont trouvés, la solitude a disparu, l’espoir renaît, les sourires reviennent. L’esprit et la sincérité de Chaplin sont là, la maîtrise du rythme et du ton beaucoup moins.

Autre point commun qui ne trompe pas : Féjos choisit lui aussi le langage muet : quelques dialogues sans importance mis à part, tout ici est basé sur l’image, et sur les sons non articulés.

Cela donne quelques beaux moments, d’autres très longs, amusants et vains sur les rêves de richesse des deux amoureux. Le ton est alors très léger, voire badin. On sourit un peu, mais l’émotion reste à la porte.

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