Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour le 13 novembre, 2024

Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde (Trei kilometri până la capătul lumii) – d’Emanuel Pârvu – 2024

Posté : 13 novembre, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, PÂRVU Emanuel | Pas de commentaires »

Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde

C’est de Roumanie que vient l’un des films les plus stimulants, les plus forts et les plus intelligents de cet automne. L’un des films, aussi, qui met le mieux en image l’homophobie quotidienne, la violence du regard, et le sentiment d’enfermement.

Etudiant dans une grande ville, le jeune Adi vient passer l’été dans son village natal, reculé de tout y compris de tout sentiment progressiste. Un village qui est presque une île, dont le principal accès se fait par bateau, à travers une épaisse végétation qui semble la couper du monde.

Adi est bien entouré : il a des parents qui l’aiment, qui se sacrifient pour lui offrir un bel avenir. Mais un jour, il rentre à la maison couvert de coups, le visage tuméfié. Le père n’a guère de doute : c’est un coup du riche notable du coin, à qui il doit justement de l’argent. Mais des bruits commencent à courir.

Et c’est le shérif local qui lâche le morceau : Adi a été vu avec un touriste de passage, un peu trop proche. Peut-être même se seraient-ils embrassé. Alors le père ferait peut-être mieux de reconsidérer la plainte qu’il a déposée : faudrait pas que ça s’ébruite. Un fils gay, dans le coin, ça risque fort de faire grincer des dents. Parce que si ça se sait, d’autres vont arriver, et les maladies avec eux…

Oui, on en est là. Et ce qui est terrible dans l’histoire d’Adi, c’est que malgré le décor de cette campagne roumaine que la modernité a oublié, cette homophobie résonne fort ici aussi, d’autant plus violente qu’elle est quotidienne, voire familiale. Et qu’elle vient de parents par ailleurs et jusque là attachants, et visiblement ouverts.

Ben pas tant que ça, non. Punitions, enfermement, et même exorcisme… Ils vont tout faire pour « guérir » leur fils et assurer son avenir. Jamais pour eux-mêmes, non : toujours en pensant à lui, à ce qui est bon pour son avenir. C’est terrible, et c’est remarquablement mis en scène, construit avec une simplicité et une efficacité impressionnantes, comme une spirale infernale dont le personnage ne pourrait pas sortir.

De ce cauchemar glaçant et intense, on sort par une séquence d’une immense puissance, comme un grand cri d’amour à la vie, muet mais d’une beauté radicale. L’image de ce bateau sortant des herbes hautes pour découvrir enfin l’horizon immense est de celles qu’on n’oublie pas.

 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr