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Les Deux Anglaises et le Continent – de François Truffaut – 1971

Classé dans : 1970-1979,TRUFFAUT François — 22 octobre, 2024 @ 8:00

Les Deux Anglaises et le Continent

On peut sereinement affirmer que Henri-Pierre Roché serait tombé dans un oubli abyssal si François Truffaut n’était pas tombé amoureux de sa prose. Ce n’est pas un affront que de le dire, tant les deux uniques romans qu’il a publiés sont passés inaperçus à leur sortie, dans les années 1950. Sauf de Truffaut, donc, qui a dit tout le bien qu’il pensait du premier, Jules et Jim, avant même que le second soit écrit.

Le second, c’est donc Les Deux Anglaises et le Continent, que Truffaut adapte tout juste dix ans après le premier. Une sorte de prolongement, avec inversement des rôles, d’une histoire qu’on devine très personnelle, pour le romancier comme pour le cinéaste. Une espèce de triangle amoureux : une femme qui aime tour-à-tour (ou en même temps?) deux hommes inséparables là, un jeune homme qui aime tour-à-tour (ou en même temps?) deux sœurs ici.

Là où Jules et Jim était plein de vie et d’une certaine folie débridée, Les Deux Anglaises… est un film douloureux, dont j’avais même gardé le souvenir d’une austérité un peu rebutante. Ce qui, à le revoir bien des années après, s’avère assez radicalement faux. Derrière cette apparente austérité, c’est un film merveilleux et plein de chaleur que signe Truffaut, au rythme envoûtant, à la fois lent et vibrant.

Un film très beau, et très littéraire aussi. Comme une déclaration d’amour de Truffaut à la littérature, le film s’ouvre sur des images de la couverture du livre de Roché, et sur des pages annotées, avant de raconter l’histoire sous une forme épistolaire qu’il affectionne, mais qui atteint ici une sorte d’aboutissement magnifique, la voix off (celle de Truffaut lui-même) donnant le sentiment de tourner les pages d’un livre qui prend vie sous nos yeux.

C’est aussi la première fois que Truffaut dirige Jean-Pierre Léaud en dehors de son personnage d’Antoine Doinel. L’alter ego de Truffaut incarne merveilleusement l’amour du jeune homme pour ces deux sœurs, et devient autant le double du cinéaste que de Roché lui-même. A travers lui, c’est aussi la découverte de l’amour et de la sensualité que filme Truffaut comme personne avant lui, allant jusqu’à parler longuement des plaisirs de la masturbation, et à filmer les draps tâchés de sang après une première nuit d’amour…

A sa sortie, Les Deux Anglaises et le Continent a rencontré un cuisant échec, jugé comme étant d’un autre temps dans une société profondément changée après mai 68. Cinquante ans après, le film reste pourtant aussi passionnant qu’audacieux. L’un des plus beaux Truffaut, l’un des plus personnels, aussi.

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