Fisher King : le roi pêcheur (The Fisher King) – de Terry Gilliam – 1991
Terry Gilliam est un type un peu barré. Et cette folie qui est au cœur de tous ses films n’a peut-être jamais aussi été pertinente et émouvante que dans Fisher King. Oui, je sais, il y a Brazil, son chef d’œuvre unanimement reconnu. Mais ce film ci est pour moi le Graal gilliamien, ne serait-ce que parce qu’il y est question de la quête du Graal.
Fisher King est un film aérien, poétique, plein de vie et d’optimisme. Et pourtant, l’histoire est d’une tristesse abyssale. Une ex-star de la radio vivote en noyant sa déprime dans l’alcool, depuis qu’un de ses auditeurs a tué sept personnes dans un bar en suivant au pied de la lettre les conseils outranciers et provocateurs de l’animateur. Par hasard, il rencontre un clochard illuminé, dont il découvre qu’il un ancien enseignant, dont la femme fait partie des victimes de la tuerie.
Cynisme et rédemption, ou comment trouver un chemin vers la vie, malgré tout, dans une ville (New York) où tout n’est que cynisme… Dans le rôle de l’animateur, Jeff Bridges est d’une intensité folle. Dans celui de l’illuminé, Robin Williams est tout à la fois drôle, fou, bouleversant.
Le style de Gilliam est là ; des plafonds bas pour renforcer le malaise, son goût pour les abîmés de la vie, l’irruption d’éléments fantastiques pour donner corps aux tourments des personnages… Mais c’est comme le style et les obsessions du cinéaste tendaient depuis toujours vers ce film, comme une évidence.
Une scène résume toute l’ampleur du film : le rencard entre Parry (Robin Williams) et la gauche Lydia (Amanda Plummer), longue scène où, dans un même mouvement, le rire le plus franc laisse la place aux larmes de joie, puis à la douleur pure. La poésie de Gilliam au service de l’émotion… C’est magnifique.