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Archive pour le 7 septembre, 2024

Rocco et ses frères (Rocco e i suoi fratelli) – de Luchino Visconti – 1960

Posté : 7 septembre, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, VISCONTI Luchino | Pas de commentaires »

Rocco et ses frères

Il a fallu la mort de Delon et la programmation spéciale du petit cinéma de province que je fréquente pour découvrir enfin cette merveille que je n’avais jusqu’à présent jamais vu (oui, je sais… mais c’est tellement beau de découvrir un chef d’œuvre, même si tardivement). L’attente valait le coup, tant le grand écran rend hommage à ce film à la fois ample et intime, chronique sublime d’une famille d’Italiens du Sud débarquant sans le sou dans un Milan froid et inamical.

Comme L’Insoumis, ce chef d’œuvre semble contredire absolument l’image que Delon s’évertuera à construire de lui-même. Lui, dont le visage impassible et le regard froid deviendront des signatures incontournables, est ici une sorte d’incarnation de la douceur et de la bonté, une figure angélique dont les sourires et les caresses sont autant de caresses.

Et c’est assez beau de savoir que Rocco était, de tous ses personnages, celui qu’il préférait : un homme fragile, imparfait, dont les actions si désintéressées soient-elles peuvent semer les graines du drame, et qui pleure à chaudes larmes, comme l’enfant blessé qu’il est. Bref, un personnage à fleur de peau, dont l’intensité est d’autant plus bouleversantes qu’il apparaît d’abord en retrait, présence discrète et solide à la fois.

Rocco est le troisième de cinq frères. Celui du milieu, donc, et ce n’est pas un hasard : il est en quelque sorte la croisée des chemins, le lien vibrant entre ses aînés et leurs échecs, et ses benjamins et l’avenir qu’ils représentent. Le sens de la famille, il est vrai, a un poids incomparable dans cette fratrie qui semble si solide autour de la figure de la mamma, matriarche italienne pas franchement prête à laisser ses fils voler de leurs propres ailes.

Aujourd’hui, en France, on parlerait sans doute de famille dysfonctionnelle. Parce que le bel équilibre qui apparaît dans les magnifiques premières scènes, celles de l’arrivée de la famille démunie à Milan, laissent à penser que l’union de cette famille est parfaite, et qu’au fond, rien de bien grave ne peut vraiment arriver tant qu’ils sont ensemble.

Mais il y a des fêlures : un fils décidé à se détacher de la famille, un deuxième à qui on a trop fait croire qu’il avait le monde à portée de poings, une jeune prostituée belle et paumée, et puis Rocco à qui on offre ce qu’il n’a pas cherché, ce dont, même, il ne veut pas. Et la rupture est brutale, qui explose dans une longue séquence nocturne de viol et de rage fraternelle, d’une intensité déchirante.

Formellement, le film est une splendeur, Visconti flirtant avec le néoréalisme alors en vogue en Italie pour ce qui est à la fois une grande fresque, et une chronique puissamment intime. A la fois la description d’une Italie miséreuse sans horizon, et le portrait douloureux d’un jeune homme naïf dont la bonté n’est pas sans conséquence, personnage visiblement inspiré par L’Idiot de Dostoïevski.

Alain Delon trouve sans doute là le rôle de sa vie. Annie Girardot, d’une beauté bouleversante, trouve là assurément le rôle de sa vie. Et Visconti signe l’un de ses chefs d’œuvre, le genre de films qui donne immédiatement envie de le revoir. Ce que je m’en vais m’empresser de faire…

 

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