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Archive pour le 3 juillet, 2024

Chair de poule – de Julien Duvivier – 1963

Posté : 3 juillet, 2024 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, DUVIVIER Julien | Pas de commentaires »

Chair de poule

On a un peu vite dit que la fin de carrière de Duvivier était décevante. Peut-être ce constat un peu trop facilement partagé a-t-il fait oublier quelques réussites. Ce Chair de poule, malgré un titre moche et une affiche ratée, en fait partie : avec cette adaptation d’un roman noir de James Hadley Chase, le cinéaste renoue avec une veine sombre qui lui va bien, et qui lui a inspiré quelques chefs d’œuvre, souvent avec Gabin en anti-héros marqué par le destin.

Vingt-cinq ans plus tôt, le rôle que tient ici Robert Hossein (excellent, d’ailleurs) serait sans doute revenu à l’interprète de La Bandera : qui d’autre, avant guerre, pour incarner ce genre de personnages dont on sait dès le début qu’ils sont promis à un sort funeste, que le hasard mène droit dans les bras d’une authentique femme fatale qui scelle son sort au premier regard.

Hossein, donc, évadé qui trouve refuge dans une station service au milieu de nulle part, où il se lie d’amitié avec le patron, homme jovial et vieillissant (George Wilson, jovial et attachant), marié à une femme trop jeune et trop belle (Catherine Rouvel). Oui, on croirait le postulat du Dernier Tournant et Le Facteur sonne toujours deux fois, les adaptations du roman de James M. Cain. Et on n’est clairement pas loin dans l’esprit.

Mais c’est bien d’un roman de Chase qu’il s’agit, auteur que Duvivier avait déjà adapté avec L’Homme à l’imperméable (nettement moins convaincant). De l’admirable première séquence, modèle de découpage et de mise en scène, à la conclusion sombre et ironique, cette histoire noire au possible inspire à Duvivier son dernier grand film, d’une richesse extrême jusque dans ses détails.

Une courte scène dans un HLM suffit à faire ressentir l’étouffement d’un personnage. L’effervescence d’un dimanche dans une cafétéria illustre la violence sexiste d’une société machiste… Et cette chaleur, la poussière, la culpabilité, la suspicion et le dégoût… que l’on ressent sans grand discours.

Duvivier n’est peut-être jamais aussi passionnant que quand il plonge dans les côtés les plus obscurs de l’âme humaine. Avec ce film noir, il s’épanouit comme rarement dans cette dernière partie de carrière. C’est brûlant et glaçant, et c’est une réussite majeure.

Un détail pour finir, intriguant : ce générique de début, à la manière de ceux, immuables, d’Ozu, qui mourra un mois après la sortie du film en salles. Curieux hasard, qui fait planer d’emblée et rétrospectivement une ombre de mort sur le film…

 

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