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Le Gros Lot (Christmas in July) – de Preston Sturges – 1940

Classé dans : 1940-1949,STURGES Preston — 28 juin, 2024 @ 8:00

Christmas in July

Un canular, un malentendu, et il n’en faut pas plus à Preston Sturges pour réussir l’une de ses comédies irrésistibles et folles, et en même temps très ancrées socialement. Du grand Sturges, donc, dont c’est pourtant le deuxième film derrière la caméra seulement, mais qui confirme déjà qu’il est une sorte de chaînon manquant entre Howard Hawks et Frank Capra…

Le canular, c’est le faux télégramme que font parvenir trois de ses collègues (dont Rod Cameron, loin de ses futurs personnages de heavy) à l’excellent Dick Powell, brave employé de bureau qui rêve de gagner les 25 000 dollars d’un concours de slogan publicitaire. Et c’est justement ce que lui annonce ce faux télégramme, blague un peu douteuse on en conviendra.

La suite, on la devine : le gars et sa fiancée (Ellen Drew, incarnation de la douceur) s’emballent, dépensent comme des dingues (mais pour faire plaisir aux autres), rêvent de la nouvelle vie qu’ils pourront mener, avant le brusque retour à la réalité. Simple, classique, et pas sans surprise.

En à peine plus d’une heure, Sturges adopte un rythme fou (digne des comédies de Hawks, le cynisme en moins), tout en se donnant le luxe de prendre son temps, notamment dans une très jolie scène d’ouverture sur le toit d’un immeuble, dans un quartier populaire (vision sociale signe de Capra, un certain réalisme en plus).

Belle manière d’ancrer le récit dans une réalité forte, celle encore présente de la Grande Dépression (le film est adapté d’une pièce écrite par Sturges lui-même en 1931), avec ses travailleurs pauvres confrontés au capitalisme le plus débridé.

Il sait prendre son temps pour faire durer les échanges entre ses personnages, et pourtant le rythme est dingue, grâce à des dialogues brillants et enlevés, et des acteurs qui parlent juste ce qu’il faut trop fort, affichant une bonté authentique qui dit beaucoup du regard de Preston Sturges.

Surges a décidément une place bien à lui dans la comédie américaine. Et elle se situe tout en haut, avec les plus grands, avec un style et un ton qui n’appartiennent qu’à lui. Et qui redonnent foi en l’humanité.

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