A l’assaut du Fort Clark (War Arrow) – de George Sherman – 1954
J’aime bien George Sherman, sa manière gourmande d’appréhender la série B et, souvent, d’invoquer la grande histoire pour ses (innombrables) westerns. Avec un bémol, outre le constat évident qu’il n’est pas, loin s’en faut, de la trempe d’un Ford, d’un Hawks, ni même d’un Dwan ou d’un Boetticher : Sherman est généralement nettement moins inspiré pour ses westerns « indiens » que pour ses westerns « urbains ».
War Arrow, ça n’étonnera personne (en tout cas pas ceux qui savent traduire « arrow »), est un western indien. D’où une certaine appréhension initiale, qui s’efface assez vite devant l’originalité de la situation : dans un territoire ravagé par les attaques incessants des Kiowas, un officier décide de faire appel à une autre tribu, qui fut un peuple de guerriers avant d’être éparpillés par l’armée, les Seminoles.
Des soldats blancs qui se font aider d’Indiens pour combattre d’autres Indiens… L’idée est belle, même si historiquement complètement fausse. Elle apporte en tout cas un éclairage différent sur les Indiens, encore trop souvent cantonnés au seul rôle d’ennemis assoiffés de sang dans le western américain de cette époque, malgré quelques avancées notables, dont La Flèche brisée bien sûr.
Dans le film de Delmer Daves, le personnage de Cochise était interprété par Jeff Chandler, acteur toujours impeccable à défaut d’être enthousiasmant. Ici, il joue le rôle principal, celui de l’officier qui fait appel aux Seminoles, et qui s’oppose au commandant du Fort construit au cœur de ce territoire troublé (et bâti au pied d’une colline… l’architecte a sans doute privilégié la beauté des perspectives à l’efficacité de la défense), et que joue l’excellent John McIntire.
L’autre surprise du scénario vient du fait que l’opposition des deux officiers doit moins à l’utilisation des Seminoles qu’à une simple jalousie autour d’une belle veuve, interprétée par une Maureen O’Hara très souriante pour une veuve. Souriante, mais pas très attachante finalement, laissant planer le doute sur ses véritables sentiments : est-elle sous le charme de Chandler, ou le manipule-t-elle pour gagner son billet de retour vers Washington et la civilisation ?
Son personnage n’est au final pas si différent de la fille du chef Seminole, que joue Suzan Ball, étoile filante dont le début de carrière prometteur (on l’a vue chez Walsh et Boetticher) s’est fracassé contre un cancer qui l’a emportée à 22 ans seulement… Face à l’habituellement incandescente Maureen O’Hara, c’est elle qui apporte de la vie et de l’audace au film.
Cela dit, les personnages ne sont guère convaincants, et c’est dans sa manière de filmer les acteurs dans les vastes paysages, et les scènes d’action, que Sherman convainc surtout. Là, son savoir-faire, sa manière de soigner ses cadres et de mêler une certaine légèreté à la gravité des situations, touchent leur cible.
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