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Archive pour le 3 juin, 2024

Fin d’automne (Akibiyori) – de Yasujiro Ozu – 1960

Posté : 3 juin, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, OZU Yasujiro | Pas de commentaires »

Fin d'automne

Une jeune femme en âge de se marier vit toujours chez sa mère, veuve. Voilà une trame qui rappelle le très beau Printemps tardif, tourné plus de dix ans plus tôt. A ceci près qu’ici, ce n’est pas un père que la jeune femme peine à quitter, mais une mère, que joue la grande Setsuko Hara, celle-là même qui jouait la jeune femme dans Printemps tardif.

La parenté entre les deux films est forte. Et la présence dans les deux films de Setsuko Hara franchement troublante, comme si les deux films étaient les deux facettes d’une histoire qui se répète, une génération plus tard. Car s’il est question de marier la fille, le remariage de la mère est aussi dans l’air du temps…

C’est en tout cas ce que se sont mis dans la tête les trois amis du défunt père, qui furent tous trois amoureux de Setsuko dans sa jeunesse, et que cet amour d’autrefois continue à faire vibrer, comme d’éternels gamins rattrapés par un temps qu’ils n’ont pas vu venir.

On retrouve la douce nostalgie d’Ozu, mais avec une légèreté pleine d’optimisme, sans pour autant renier quoi que ce soit du sentiment d’inéluctabilité. L’émotion est donc là, immense et douce, mais il y a aussi un refus de s’apitoyer, une manière d’être comme en suspens, que soulignent ces reflets d’eau mouvante qui reviennent constamment au cours du film.

Ozu filme le temps qui a passé, et surtout ce qui reste : la beauté de Setsuko Hara, l’amitié de vieux compères, ces objets qui habitent la maison, même quand les occupants en sont partis…

Il filme aussi, d’une manière plus marquée que d’habitude, presque spectaculaire, les tiraillements de la société japonaise, entre tradition et modernité. Entre la maison de bois et les tenues traditionnelles qui sont comme les refuges d’une innocence en bout de course, et les grands immeubles de béton qui abritent le Japon laborieux.

Des thèmes classiques pour Ozu, mais dont il fait la base d’une comédie douce-amère où les sourires et l’émotion ne sont jamais loin. Et dont on ressort avec une boule au ventre et un large sourire. Ozu, une nouvelle fois, est grand.

 

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