Le Procès Goldman – de Cédric Kahn – 2023
Cédric Kahn choisit des parti-pris aussi radicaux que l’était son « héros », Pierre Goldman, militant d’extrême-gauche et braqueur, en rébellion farouche contre la bonne société droitière de la France des années 1970. Le Procès Goldman ne montre rien d’autre que ça : le procès Goldman, celui au cours duquel, défendu par un Maître Kiejman souvent bien embêté, il a reconnu trois braquages mais pas un quatrième, celui qui s’est terminé par mort de femmes…
Pas d’effets de manches comme dans les films de procès américains. Pas d’interprétation hasardeuse ni de jugement définitif (c’est bien au spectateur de se faire son opinion sur la culpabilité ou non du gars). Pas même de musique. Et visuellement, le dépouillement est plus total encore, peut-être : un format « à l’ancienne » qui semble nous ramener à la télévision giscardienne, que Kahn utilise pour filmer en plans moyens, sans fioriture et au plus simple…
Rien de bien sexy donc, a priori, dans ce film qui se base avant tout sur les retranscriptions du procès, respectant au maximum les paroles dites. Et pourtant, Kahn signe un film absolument passionnant, qui trouve dans son épure et son dépouillement sa force : celle d’un film qui se concentre sur son fascinant « héros » (excellent Arieh Worthalter), et en creux sur le monde qui l’entoure.
Un homme totalement incarné par son héritage familial (la figure du père surtout, pas celle du demi-frère Jean-Jacques, jeunot que l’on découvre au premier rang de l’assistance), et bousillé par une société répressive et sectaire dans laquelle il est incapable de trouver sa place. C’est cette France là qui suinte des débats, sans que Kahn en montre rien d’autres que cette salle d’audience passionnée et passionnante.
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