L’Affaire Blaireau – d’Henry Wulschleger – 1932
Le braconnier Blaireau a-t-il, ou non, botter les fesses du garde-chasse (qui porte le même nom que le chien dudit braconnier) ? Question épineuse à laquelle on peut en ajouter une autre : quel crédit accorder à un film qui fait rimer « Dans mon beau château je vais rentrer bien vite » avec « Vive la liberté et les pommes de terre-frites » ?
Le Cinéma de Minuit de Patrick Brion, créé deux mois avant ma naissance (autant dire que c’est pas jeunes), racle les fonds de tiroir avec cette comédie tirée d’un roman d’Alphonse Allais et réalisée par Henry Wulschleger, réalisateur inconnu de ma personne, mais qui a eu semble-t-il une petite réputation auprès de certains cinéphiles pointus. Qui ont sans doute vu ses premiers films muets, plutôt que les innombrables comédies, comme celle-ci, tournées avec Bach.
Bach ? Une autre découverte : un comique-troupier qui eut son heure de gloire, et fut la vedette d’une bonne douzaine de films de Wulschleger, trimballant son sourire débonnaire, incarnation d’un bonheur attaché à la simplicité, à la liberté, et au beaujolais, riant des malheurs et de tout possible sujet sociétal.
On échouerait à chercher le moindre intérêt sur le fond à cette comédie qui n’a au fond qu’une raison d’être présentée dans un programme aussi essentiel que le Cinéma de Minuit : celle de dévoiler un cinéma qui eut ses adeptes il y a quatre-vingt-dix ans. Bref, on découvre L’Affaire Blaireau avec un regard moins cinéphile qu’anthropologue…
Avant, ce n’était donc pas forcément mieux. Le film se contente de creuser le sillon de la bonhomie forcée, avec chansons très datées, acteurs en route libre, dialogues approximatifs, humour grivois… Sur la forme, on retiendra quand même quelques beaux cadrages et des mouvements de caméra étonnamment modernes (dont la toute première scène, pleine de promesses non tenues), gâchés par un montage hasardeux. Suffisant, en tout cas, pour donner envie de découvrir Wulschleger dans un autre contexte.
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