La Grande Evasion (The Great Escape) – de John Sturges – 1963
La cool attitude de Steve McQueen renvoyé encore et toujours à l’isolement dans sa cellule. La gueule burinée d’un Charles Bronson en granit. La dégaine dégingandée de James Coburn. Classique indéboulonnable du cinéma populaire des années 60, La Grande Evasion est avant tout un film de caractères. Un festival de vedettes qui se tirent la bourre pour attirer la lumière.
Comme dans Les 7 mercenaires, autre classique multi-stars du même Sturges, McQueen s’impose sans peine à ce petit jeu du cool-cabotinage, sans jamais écraser ses partenaires de jeu. Plaisir garanti, même au dixième visionnage, grâce aussi au savoir-faire du cinéaste, qui a un talent indéniable, à la fois pour les morceaux de bravoure (la mythique course-poursuite à moto) et pour les moments plus intimes.
Sans jamais jouer la carte de la surenchère, Sturges donne du corps, de la consistance à la vie de ces soldats dans leur camps de prisonniers. Il renouvelle le vieux thème de l’évasion, s’attachant à de petites choses, à de longs processus anti-spectaculaires au possible (la manière dont ils se débarrassent de la terre), sans le moindre temps mort.
Pas question donc d’égratigner ce mythe du cinéma populaire, souvent copié, et dont le rythme et l’inventivité supportent parfaitement l’épreuve du temps. Il y a quand même quelques petites facilités scénaristiques pour relancer l’intérêt : la cécité du personnage de Donald Pleasance, ou la claustrophobie de Bronson, qui apparaissent sans que rien ne nous y prépare, pour renouveler la tension dramatique. On chipote, certes.
Discutable aussi : le changement radical de ton de la fin du film. L’arrivée du drame, assez traumatisant (c’est inspiré d’une histoire vraie qui ne s’est pas particulièrement bien terminée, disons), rompt en effet radicalement avec l’esprit bon-enfant des deux premières heures, où rien n’est jamais grave, où le danger semble toujours relatif.
Mais on pardonne volontiers, emporté par le plaisir gourmand que l’on prend à ce classique, festival de stars au top, et grande date du cinéma populaire américain de la décennie. Indémodable, pour toujours.
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