L’Histoire d’Adèle H – de François Truffaut – 1975
Le film s’ouvre sur un générique magnifique et primordial, les crédits s’affichant sur des dessins sombres et torturés. Ce sont ceux de Victor Hugo lui-même, dont l’ombre planera constamment sur le film, tout en restant totalement invisible à l’écran. Ce grand homme dont on n’entendra la voix que par les lettres rempli d’amour qu’il écrit à sa fille, Adèle, partie de l’autre côté de l’Amérique pour suivre l’homme qu’elle aime autant que pour fuir le poids de cette paternité si écrasante.
Adèle, c’est Isabelle Adjani, toute jeune (elle sort de La Gifle), et dont le visage semble incarner toutes les émotions possibles. La réussite de ce film doit beaucoup à son interprétation, à la manière dont elle donne vie à la déroute totale de ce personnage, grande figure romanesque dont l’amour fou est à sens unique. Une jeune femme qui, littéralement dans des séquences de rêves qui se répètent, se noie dans sa douleur.
Une autre ombre intervient alors : celle de Léopoldine, sa sœur aînée, la fille de Victor Hugo que tout le monde connaît depuis qu’elle s’est noyée à l’âge de 19 ans, autre présence/absente si pesante pour la jeune Adèle si avide d’exister, de vivre, d’être aimée, et surtout d’aimer.
Truffaut a dit que ce qui l’avait attiré dans ce projet, c’était l’idée de filmer une histoire d’amour à un seul personnage. On ne saurait mieux dire. L’objet de son amour, cet officier qu’Adèle suit au Canada, est bien présent à l’écran, mais en retrait, privé d’aspérité, sans passion.
Au contraire d’Adèle/Adjani, brûlante d’émotion, de désir, d’attente, d’espoirs, de désespoir. Tous ces sentiments sont palpables dans le regard de l’actrice, et dans tout son être, bouleversante interprétation d’une déchéance morale, d’un amour fou qui mène réellement à la folie.
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