L’enfant sauvage – de François Truffaut – 1969
L’enfance dans les films de Truffaut… Un thème en soit, qu’il a très souvent abordé dans son œuvre, depuis Les 400 coups jusqu’à, au moins, L’Argent de poche. Forcément, on voit bien ce qui l’a attiré dans cette histoire étonnante et vraie, survenue en 1800 dans l’Aveyron : la découverte d’un enfant sauvage vivant seul dans la forêt, sans doute laissé pour mort par des parents désireux de ne pas s’encombrer.
Il y a ça, et la relation trouble entre l’enfant et le médecin qui le prend sous son aile. Trouble, parce qu’on sent le personnage constamment entre deux eaux : entre un attachement sincère mais assez distant, et un pur intérêt scientifique. Enfant ou cobaye, donc. Et le fait que Truffaut lui-même incarne le médecin n’est pas anodin.
Parce que cette ambivalence du personnage et de ses relations avec l’enfant donne le ton du film, adapté des écrits du vrai docteur. La narration est ainsi assez froide, vision clinique des longues journées de travail et des lents progrès de l’enfant pour sortir de l’état sauvage. Mais dans cette narration là, Truffaut glisse des moments de poésie et de tendresse bouleversantes.
Les regards sont précieux dans ce film, qui se résume une bonne partie du temps à un huis-clos à trois personnages, en comptant celui de la gouvernante qui constitue le point d’ancrage de l’humanité, socle bienveillant qui représente cette figure maternelle (de substitution) qui fait si souvent défaut dans le cinéma de Truffaut.
Le personnage de Truffaut, lui, n’est guère aimable. Un peu froid, entièrement tourné vers la mission qu’il s’est confiée… On le sent très attaché à l’enfant, mais refusant absolument que cet attachement soit un frein à ses expérimentations. Prêt, notamment, à une expérimentation franchement cruelle pour tester la capacité de révolte de son élève. Le moment le plus révoltant du film, et paradoxalement l’un des plus beaux.
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