Le Garçon et le héron (Kimi-tachi wa dô ikiru ka) – de Hayao Miyazaki – 2023
Voilà bien longtemps que je n’avais pas mis les pieds au cinéma pour voir un film d’animation. Le retour du grand Miyazaki était l’occasion idéale, surtout que Le Garçon et le héron était annoncé comme son film le plus personnel, abordant ses thèmes habituels et un contexte historique fort, en pleine Seconde guerre mondiale.
Ce n’est pas une première, loin de là : de Porco Rosso au Vent se lève, Miyazaki a souvent mis en écho les mondes merveilleux de son imagination à la violence des hommes, influençant par là un cinéaste comme Guillermo Del Toro, dont tous les grands films sont basés sur la même opposition.
Dans Le Garçon et le héron, c’est un peu comme si Miyazaki, octogénaire, résumait ou compilait toutes les idées, toutes les images, tous les univers qui ont marqué son cinéma, et qui auraient pu constituer d’hypothétiques films à venir. Une espèce de film-somme euphorisant, ou une accumulation un peu excessive d’idées… j’avoue hésiter un peu entre ces deux sentiments à la sortie de la salle.
Il y a en tout cas des moments d’une très grande beauté dans ces deux heures d’une densité folle, qui commence avec le plus grand des drames (la mort de la mère du jeune héros dans un incendie provoqué par les bombardements), pour nous plonger bientôt dans un monde parallèle de tous les possibles, où Miyazaki laisse libre court à son imagination fertile, oscillant entre la poésie la plus douce et certains gags un peu douteux.
Foisonnant jusqu’à l’extrême, Le Garçon et le héron enthousiasme souvent, laisse parfois dubitatif, et finit par bouleverser dans sa manière d’évoquer le deuil et la fin de l’enfance. Si ce devait être l’ultime film de l’auteur du Voyage de Chihiro, Le Garçon et le héron serait un beau film-testament.