Alceste à bicyclette – de Philippe Le Guay – 2013
Un acteur en vogue (il est le héros d’une série médicale sur TF1, c’est dire) se rend sur l’île de Ré pour tenter de convaincre un autre acteur, retiré du monde depuis des années, de remonter sur scène pour une adaptation du Misanthrope qu’il s’apprête à monter. Plaisirs des deux amis de se retrouver, répétitions qui n’en finissent plus, séduction et manipulation… Le retraité va-t-il faire son retour ? Ou se contente-t-il de profiter de cette parenthèse avant de la refermer ?
On pourrait presque dire la même chose d’Alceste à bicyclette que de Un coup de maître. Les deux films prennent pour cadre un microcosme artistique. Les deux films mettent en scène un duo d’amis dont l’un a pris le parti de jouer le jeu, tandis que l’autre est incapable de faire le moindre compromis. Et dans les deux films, le plaisir vient avant tout des comédiens : Lambert Wilson et Fabrice Luchini en l’occurrence.
Luchini surtout, dont je découvre décidément un peu tardivement à quel point il est un grand acteur. Il est formidable ici, jouant avec ses propres tics d’acteurs lorsqu’il interprète le comédien retiré du monde renouant avec la comédie. Formidable et touchant. Un peu troublant aussi, dans sa manière de se jouer de son entourage, authentique misanthrope qui ne voit personne d’autre que lui pour jouer Alceste, mais qui se refuse à s’y abaisser.
Le film n’est pas totalement convaincant en revanche lorsqu’il sort de cette amitié qui semble d’abord si pure. Philippe Le Guay nous laisse un peu en chemin en complexifiant cette relation, flirtant avec quelque chose de nettement plus toxique. Mais Luchini est grand, Wilson est très bien, et Maya Sansa (la belle actrice de Nos meilleures années) est parfaite en divorcée à la croisée des chemins. Pour les acteurs.
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