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Oppenheimer (id.) – de Christopher Nolan – 2023

Classé dans : 2020-2029,NOLAN Christopher — 15 octobre, 2023 @ 8:00

Oppenheimer

On ne peut pas lui enlever ça : Christopher Nolan est un cinéaste ambitieux, qui a envie de tirer le blockbuster américain vers le haut. Et il y réussit évidemment, d’une manière même assez éclatante. Avec Oppenheimer peut-être encore plus qu’avec ses films précédents : parce que l’histoire est authentique, et que son récit est strictement cantonné dans les limites de ce qu’on appelle la réalité. Et parce que derrière le biopic se cache une réflexion sur la responsabilité assez passionnante.

Et comme le film a cartonné, quitte à en remontrer à la plupart des films franchisés de l’été, on ne peut que s’en réjouir. Surtout qu’Oppenheimer est un film très réussi, visuellement impressionnant, et porté par un Cillian Murphy qui gagne enfin ses galons de tête d’affiche après des tas de seconds rôles chez Nolan, et qui s’avère la meilleure idée d’un film qui n’en manque pas. Loin de Peaky Blinders, Murphy, grands yeux profonds et moue troublante, apporte une complexité infinie au personnage d’Oppenheimer.

Mais Nolan a, depuis que The Dark Knight a fait de lui le chevalier blanc du blockbuster d’auteur à haute portée psychologico-philosophique, une forte tendance à se prendre au sérieux. C’est souvent très convainquant dans les images, mais parfois pompeux dans l’écriture. Ou l’inverse. Inception et Interstellar notamment, films formidables d’une certaine manière, avaient marqué les limites d’un cinéaste qui se rêve en néo-Kubrick alors que son talent est ailleurs : dans sa manière de mettre en image des sensations, des perceptions.

Ses défauts et ses qualités sont particulièrement frappants dans Oppenheimer, film assez brillant, intense, impressionnant et souvent fin, qui chausse parfois de gros sabots et complexifie inutilement le récit, en ajoutant un suspense qui n’apporte rien au fond, et qui finit même par prendre le dessus dans la dernière partie, autour du personnage (très convaincant par ailleurs) de Robert Downey Jr.

Cette intrigue-là aurait pu être au cœur d’un autre film. Ici, elle donne le sentiment que Nolan veut toujours en donner plus. Oppenheimer aurait sans doute gagné à se recentrer sur le parcours mental et intellectuel du père de la bombe atomique, sur ses dilemmes moraux. Cette partie là, qui constitue le cœur d’un film au récit chronologiquement éclaté, est passionnante… mais plombée dans ses moments les plus spectaculaires (le grand essai dans le désert, la conférence de l’après-Hirochima) par une utilisation assourdissante du son.

C’est un autre travers auquel Nolan a tendance à céder : la tentation du trop plein, de la surenchère. Chez lui, les effets visuels sont souvent énormes, quitte à frôler le trop plein (la ville qui se retourne dans Inception). Ici, ils sont particulièrement réussis, peut-être parce que Nolan jure ne pas avoir eu recours aux effets numériques, tous les effets visuels ayant été réalisés « pour de vrai » devant la caméra. En revanche, c’est le son qui est ici énorme, et finit par tout dévorer, recouvrant la force des images et l’incarnation de Murphy.

Reste que dans le paysage général des blockbusters hollywoodiens, celui-ci a franchement belle allure. On fait la fine bouche, comme ça, parce qu’on sent bien que Nolan a les moyens de réussir d’authentiques grands films. Mais que pour ça, il lui faudrait peut-être renoncer à sa tentation de l’excès et du trop-plein.

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