Ne réveillez pas un flic qui dort – de José Pinheiro – 1988
Je n’attendais strictement rien de ce polar tardif de Delon, ses adieux au cinéma de héros comme Le Solitaire fut ceux de Belmondo l’année précédente. Juste l’envie un peu régressive de revoir les derniers feux de la star, ces ultimes moments où Delon se vit comme une superstar encore active.
Et voilà que je me surprends à y prendre un vrai plaisir. Oh ! Pas que le film soit très réussi. Une histoire un peu con, pompage éhonté de Magnum Force quinze ans après, une musique insupportable, des personnages caricaturaux, et Pinheiro qui se dresse en ersatz de Jacques Deray sous influence hollywoodienne…
C’est exactement ce qu’est le film : un Deray sous influence hollywoodienne, avec la noirceur de l’un et les excès de l’autre. Et au centre, un Delon qui en fait le minimum, mais avec une présence indéniable. On ne peut certes pas en dire autant de Michel Serrault, qui cachetonne sans forcer son talent dans un rôle de flic pourri à la tête d’un escadron de la mort.
Il fait la gueule et ne parle guère. Normal : c’est le méchant. A ses côtés, Xavier Delluc est pire, surjouant le sadisme de l’homme de main qui prend son pied à tuer la racaille. Avec un flingue, un bazooka, une arbalète ou une tenaille… C’est qu’il faut varier les plaisirs si on veut tenir l’attention du spectateur.
C’est con, ça devrait être insupportable. Mais la présence de Delon et quelques scènes d’action percutantes et bien senties assurent l’intérêt, notamment une fusillade à la Mesrine d’une violence rare. Pas un temps mort, pas non plus de grande idée, de grande vision… Mais le contrat est rempli. Le cahier des charges, c’est vrai, était bien mince.
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