Dédé – de René Guissart – 1934
Une envie de légèreté, une envie de musique et de danse… Et me voilà devant ce Dédé, adaptation effectivement pleine de légèreté, de musique et de danse d’une opérette qui elle-même devait être… etc. Bref, pas de quoi se fouler un neurone. Pas de quoi crier au génie non plus, d’ailleurs : le spectacle est tout juste joyeux, porté par des acteurs qui semblent prendre beaucoup de plaisir. Au moins autant que nous…
Il y a Danielle Darrieux, toute jeune et fraîche, dans un rôle charmant et assez creux. Il y a surtout Albert Préjean, tout aussi creux mais beaucoup plus bondissant, qui roule les r quand il chante et surjoue la joie de vivre. Un peu comme un Maurice Chevalier, qu’on imagine parfaitement dans ce rôle. Ce qui n’est étonnant : sur scène, dix ans plus tôt, c’est Chevalier qui jouait le rôle, et c’est même là qu’il a chanté le fameux « Dans la vie faut pas s’en faire », tube que reprend Préjean.
L’histoire se passe en grande partie dans une boutique de chaussures, mais on est loin, très loin de The Shop around the corner. A l’élégance romantique de Lubitsch, le réalisateur René Guissart (que je découvre) préfère une surenchère de jovialité, tournant chaque situation à la farce. Il y est question de tromperies, de dettes, d’amours déçus et de machisme éhonté. Tout ça accuse son âge, particulièrement lorsque le très digne notaire joué par Louis Baron fils se met à parler comme un jeune (de l’époque), mais ça se laisse voir avec un plaisir modeste mais bien réel.
Pour résumer et faire simple, cette opérette filmée est sympathique. A l’image du gentil cocu interprété par René Bergeron, qui ne cesse de se faire balader, mais que Guissart filme avec empathie, faisant même de lui le personnage le plus attachant de cette entreprise très anodine. Juste ce dont j’avais envie…