Le Secret du Grand Canyon (Edge of Eternity) – de Don Siegel – 1959
Je ne crois pas m’avancer beaucoup en affirmant que Le Secret du Grand Canyon est le seul film de l’histoire qui remercie dans son générique l’implication de la United States Guano Corporation, entreprise spécialisée dans le ramassage des fientes de chauves-souris. Ne serait-ce que pour cette particularité, qui a son importance dans l’intrigue, ce film méconnu de Don Siegel mérite d’être vu.
Ce n’est clairement pas le plus réputé des films de Siegel. Ni le plus célèbre, ni le plus réussi : une curiosité dont la principale raison d’être semble être ce Grand Canyon qui lui donne son titre français. Pas comme un film-carte postale, non : la région est présentée comme un désert aride et sans avenir, pleine de poussière et des souvenirs d’une mine d’or depuis longtemps désaffectée.
Ce décor spectaculaire et austère est au cœur du film, d’une intrigue qui donne le sentiment de n’être qu’un prétexte, guère original et pas toujours très crédible. Les premières minutes sont pleines de promesses pourtant : en haut du canyon, un homme tente d’en tuer un autre. L’un des deux tombe. L’autre est retrouvé mort à son tour peu après.
Le film tient en haleine tant qu’il conserve tout son mystère. La résolution n’est pas à la hauteur, et Siegel lui-même, cinéaste pourtant percutant, donne par moments l’impression de ne pas savoir quoi faire de ses personnages, qui paraissent par moments empruntés, à l’image du père Kendon, l’ancien patron de la mine dont les simples déplacements paraissent artificiels.
Le film est tout juste sympathique, porté par un Cornel Wilde plutôt pas mal, mais au charisme discret, et par une Victoria Shaw très (trop) souriante. Les seconds rôles sont particulièrement en retrait, y compris les habituellement nettement plus truculents Michel Shaughnessy (dans le rôle du shérif) et Tom Fadden (dans celui du gardien de la mine).
Même Jack Elam semble effacé. Il faut dire que son personnage est sympathique… ce qui, en soit, justifie de voir ce film un peu décevant, mais bien sympathique tout de même. Ça et une dernière séquence vertigineuse et très efficace, où vertige et guano font bon ménage.
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