L’Amour et les forêts – de Valérie Donzelli – 2023
C’est devenu presque une évidence sur ce blog : Virginie Efira est une actrice d’une justesse et d’une intensité incomparables. La Vivien Leigh du XXIe siècle, ai-je déjà avancé, et je confirme une nouvelle fois après avoir vu, et ressenti profondément, ce film sur une relation toxique, un couple qui semble heureux mais qui se révèle être une véritable prison pour l’épouse littéralement enfermée et terrorisée par un mari possessif jusqu’à la maladie.
Elle est une nouvelle exceptionnelle, donc. Mais il faut aussi souligner la prestation glaçante de Melvil Poupaud, qui réussit à glisser une troublante humanité, et même une authentique fragilité dans son incarnation d’un homme odieux, tyrannique et dangereux, capable on le sent d’allonger à tous moments la sinistre liste des femmes mortes sous les coups de leurs conjoints.
C’est tout le sujet de ce film fort, belle adaptation du roman d’Eric Reinhardt qui rend palpable ces tragédies quotidiennes et révoltantes. Pourtant, la violence physique reste le plus longtemps absente. Mais c’est une autre forme de violence que filme Valérie Donzelli : l’emprise de plus en plus étouffante de cet homme sur sa femme, qui transforme peu à peu une belle histoire d’amour en un calvaire que tout le monde voit venir. Tout le monde, sauf la principale intéressée.
Là, il fallait le talent d’une Virginie Efira pour maintenir ce fragile équilibre entre la femme intelligente et déterminée, et cette épouse qui réalise trop tard que son prince charmant l’enferme dans une maison qui ressemble bien plus à un cachot qu’à un palais. C’est révoltant, glaçant, et très dur par moments. Et c’est filmé avec un mélange de crudité et de fantaisie par une Valérie Donzelli qui raconte son film au plus près de son héroïne.
La fantaisie de la réalisatrice prend les formes d’une séance chantée et désenchantée, scène faussement légère qui, à la manière de Jacques Demy, marque une rupture radicale dans la vie de la jeune femme. Ou d’une étonnante balade dans la forêt avec un amant d’un jour interprété par un Bertrand Belin hors du temps, comme une bouffée d’air désespérée avant la noyade. Dans le fond et dans la forme, L’Amour et les forêts est un film puissant.
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