Marianne (Marianne, meine Jugendliebe) – de Julien Duvivier – 1955
Cette brume… cette voix off… ces souvenirs d’une jeunesse perdue… ce château mystérieux de l’autre côté du lac… Oui, on a déjà vu ça dans Marianne de ma jeunesse, le beau film mésestimé de Duvivier. Et si ce Marianne tout court lui ressemble tant, c’est qu’il s’agit du même film. Enfin presque.
Avec cette co-production franco-allemande, Duvivier adopte un procédé qui était très en vogue dans les premières années du parlant, avant que le doublage soit (à peu près) au point. C’est donc en deux langues, et avec une partie de la distribution qui diffère d’une version à l’autre, qu’il a tourné le film.
On imagine le bazar que cela devait représenter sur le tournage, avec ces acteurs qui attendaient que leurs homologues d’outre-Rhin aient fini leur scène pour prendre leur place. Il semble en effet que les deux tournages aient eu lieu simultanément : non seulement les angles et mouvements de caméras sont les mêmes, mais la lumière aussi, la brume, et presque le souffle du vent…
Peut-être revoir attentivement ou sur deux écrans voisins les deux versions permettrait-il de comparer vraiment, mais… euh… à quoi bon ? La principale différence réside donc, outre la langue elle-même, dans le choix des acteurs. Si Marianne est jouée dans les deux versions par Marianne Hold, également troublante en français et en allemand, le rôle central de Vincent est ici interprété par Horst Buchholz. Et le moins que l’on puisse dire est que Duvivier a eu le nez creux, puisque le rôle marque les vrais débuts à l’écran des deux acteurs.
Alors… Pierre Vaneck ou Horst Buchholz ? A priori, la beauté insolente et le fait d’être Allemand (le film se passe en Bavière) feraient pencher pour le second. Mais cette figure de séducteur colle paradoxalement moins bien avec le mystère quasi-surnaturel du personnage que le visage lisse et plus insondable du Français. Cela dit, c’est histoire de comparer…
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