The Fabelmans (id.) – de Steven Spielberg – 2022
On savait déjà que l’enfance, et le traumatisme du divorce de ses parents, planait sur une grande partie de l’œuvre de Spielberg. Voir The Fabelmans n’en est pas moins une belle et grande révélation, qui confirme à quel point le cinéaste a glissé des éléments autobiographiques, jusque dans ses films les plus commerciaux. E.T., Rencontre du 3e type, Indiana Jones… On risque bien de ne plus voir ses grands films populaires du même œil, après The Fabelmans.
Ce film, on sent bien que Spielberg le porte en lui depuis des décennies. Le voir, à ce stade de sa vie et de sa carrière, mettre en images ses souvenirs d’enfance et d’adolescence a quelque chose de bouleversant : un cinéaste qui n’a plus rien à prouver depuis longtemps, qui n’a plus non plus à se fier à d’autres goûts ou d’autres attentes que le sien, et qui raconte cette période fondatrice de l’homme et du réalisateur qu’il est devenu.
Toute une trajectoire : de sa toute première projection (The Greatest Show on Earth), jusqu’à sa rencontre fugace et historique avec John Ford dans son bureau, alors que lui-même n’était qu’un aspirant-assistant pas encore sous contrat. Soit une dizaine d’années d’une jeunesse marquée par sa découverte du cinéma, et par la désagrégation de cette cellule familiale si importante. Pas étonnant que le film soit dédié aux parents de Spielberg, tous deux décédés récemment (2017 et 2020).
Le film est bouleversant, parce qu’il est rare : la mise en images par un immense cinéaste de ses propres souvenirs de jeunesse, avec, sans doute, ce qu’ils ont de trompeur, ou de biaisé par le prisme du temps. Et il est magnifique, parce que Spielberg est l’un des plus grands raconteurs d’histoire du monde, et qu’il est au sommet de son art. C’était déjà fulgurant dans West Side Story, ça l’est tout autant ainsi, avec ce film plus intime que spectaculaire, où la moindre scène est magnifiée par de superbes idées de mise en scène.
Un exemple : le jeune Sam (l’alter ego de Steven) qui capture les images de son premier film dans les paumes de ses mains. Ou, plus tard, disparaissant à moitié derrière l’écran de contrôle de sa table de montage pour échapper à la réalité déchirante de sa famille… C’est évidemment le film le plus intime de Spielberg, c’est aussi l’un de ses plus aboutis, l’un des plus beaux, dont on sort comme son personnage après sa rencontre avec Ford (joué par David Lynch), un sourire immense aux lèvres.
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