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Archive pour février, 2023

Les Banshees d’Inisherin (The Banshees of Inisherin) – de Martin McDonagh – 2022

Posté : 4 février, 2023 @ 8:00 dans 2020-2029, McDONAGH Martin | Pas de commentaires »

Les Banshees d'Inisherin

Mais pourquoi donc Colm a-t-il décidé de ne plus adresser la parole à Padraic, son ami de toujours ? Ils ne se sont pas disputé pourtant. Mais simplement… « I don’t like you no more », lâche Colm, les yeux rivés dans ceux de son ancien ami. Qui ne comprend pas. Et pour qui ce rejet soudain constitue un séisme dans une vie jusqu’ici parfaitement harmonieuse : chaque après-midi, direction le pub avec son ami, avant de s’y retrouver le soir.

C’est que sur Inisherin, une île isolée au large de l’Irlande, la vie s’écoule lentement, sans heurt, loin de cette guerre civile dont on parle vaguement sans la comprendre, et dont on entend quelques éclats de loin en loin, de l’autre côté du bras de mer (on est en 1923). Il ne s’y passe rien, ou si peu, au grand dam de l’affreuse épicière qui se plaint que ses taiseux de clients ne lui apportent jamais aucune nouvelle.

Martin McDonagh, au scénario et à la caméra, peuple son microcosme de personnages flirtant avec la caricature, comme son ton flirte avec la comédie. Pourtant, il se dégage de cet univers un peu excessif une vérité qui prend aux tripes. Parce que derrière la trop douce sœur de Padraic, derrière le regard demeuré de l’idiot de l’île, derrière la gentillesse obstinée de Padraic et le silence tout aussi obstiné de Colm, McDonagh capte le malaise, la douleur sourde, la solitude écrasante d’un havre coupé des remous du vrai monde.

On sourit, plus qu’on ne rit franchement : l’émotion est toujours là, tapie et prête à surgir, avec l’innocence et la simplicité d’une fable. McDonagh, après le triomphe de Three Bilboards, reforme son duo de Bons baisers de Bruges : Brendan Gleeson, intense en colosse fragile et jusqu’au boutiste, et Colin Farrell, formidable en brave type qui se demande s’il ne serait pas, quand même, un peu idiot sur les bords. Farrell a d’ailleurs reçu le prix d’interprétation à Venise pour ce rôle.

Et puis il y a l’île elle-même, superbement filmée (dans les îles d’Aran). McDonagh capte la beauté spectaculaire de son décor tout en en saisissant le caractère hors du temps, coupé du monde. La belle musique de Carter Burwell (le compositeur quasi-attitré des frères Coen, et fidèle de McDonagh depuis son premier film) souligne cette beauté sauvage et quasi-mystique, qui ressemble à une plongée dans les affres de l’âme humaine.

Une tragi-comédie aux portes de la folie et du désespoir… Une fable autour du sens de la vie… Voilà un voyage beau, triste et plein de vie qui risque bien de me hanter longtemps.

L’Affaire des poisons – de Henri Decoin – 1955

Posté : 3 février, 2023 @ 8:00 dans 1950-1959, DARRIEUX Danielle, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

L'Affaire des poisons

Decoin s’empare de la fameuse affaire des poisons qui a bousculé la cour de Louis XIV. Des faits réels reconstitués à partir d’archives retrouvées tardivement, affirme un carton avant le générique de début, à la manière des dossiers secrets du FBI qui étaient alors en vogue à Hollywood.

Le film est en tout cas l’occasion de constater que la reconstitution d’époque n’est sans doute pas le domaine dans lequel Decoin est le plus à l’aise. Le film n’est pas inintéressant, loin de là. Il y a même quelques images très fortes, particulièrement liées au travail de la police : un bonnet de bébé que l’on déterre d’une sépulture improvisée, une planque face à la boutique de suspects… Il y a là une manière étonnamment moderne de présenter la routine de l’enquêteur, interprété par Pierre Mondy.

Le contraste entre ses méthodes d’investigation et l’usage de la torture est particulièrement saisissante, comme le sont les deux séquences d’exécution qui ouvrent et referment le film, se répondant avec une grande cruauté et avec une ironie mordante, dans sa manière de présenter le bon peuple de Paris.

Mais cette reconstitution a ses limites, parce qu’elle souffre de décors trop théâtraux, de couleurs trop vives, et de l’impression globale d’être dans un sorte de vision schématisée de ce Paris de Louis XIV. Cela dit, cette limite ressemble de plus en plus à un parti-pris, avec une certaine radicalité pas totalement convaincante, mais intrigante.

Le film vaut pour son atmosphère, pour la mesquinerie de ses personnages, envieux et haineux, pour leur rapport au bien, au mal et à la religion. Paul Meurisse en prêtre adorateur du diable, Viviane Romance en diseuse de bonne aventure, et surtout Danielle Darrieux, pour la dernière fois devant la caméra de son ancien pygmalion, formidable dans la peau de la Montespan, cette ancienne favorite supplantée dans le cœur du roi par une jeune femme beaucoup plus jeune qu’elle.

Mine de rien, avec ce personnage, Decoin fait de son film une étude cruelle et cynique sur la place de la femme dans cette société, sur ce temps qui passe, impitoyable. Bancal, mais plutôt séduisant, au final.

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