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Archive pour janvier, 2023

La Poursuite des Tuniques bleues (A Time for killing) – de Phil Karlson – 1967

Posté : 6 janvier, 2023 @ 8:00 dans 1960-1969, FORD Harrison, KARLSON Phil, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Poursuite des Tuniques Bleues

Grand cinéaste de films noirs, Phil Karlson a aussi signé une poignée de westerns dont l’un, au moins, est formidable : Le Salaire de la violence, tourné en 1958. Plus tardif, cette Poursuite des Tuniques bleues n’est pas du même niveau : on peut lui reprocher quelques faiblesses étonnantes, particulièrement du côté des personnages.

Celui de Glenn Ford pour commencer, censé être le héros du film, et qui traverse une grande partie de l’histoire dans une sorte d’apathie incompréhensible. Hormis la première et la dernière séquences, il se contente d’être là, comme emprunté dans un uniforme yankee trop lourd, ou trop étroit… Difficile aussi de comprendre l’importance laissée à deux duos de soldats quasi-comiques (deux Confédérés qui passent le film à se battre, deux Nordistes qui tentent d’échapper à l’action) dans un film aussi sombre…

Parce qu’il est sombre ce film. Malgré son apparente simplicité (des prisonniers sudistes s’évadent, des soldats nordistes les pourchassent), le film de Karlson, écrit par le scénariste de 3h10 pour Yuma (un rôle autrement plus mémorable pour Glenn Ford), s’avère un pamphlet pacifiste assez fort, et d’une amertume surprenante. Si l’apathie de Ford est si gênante, c’est que son personnage semble d’abord très prometteur : cet officier forcé de donner la mort pour obéir aux ordres d’un officier déshumanisé.

Dans cette première scène, véritable moment de torture morale, le regard de Ford émeut par la lassitude qu’il dégage : alors que la guerre de Sécession touche à sa fin, la mort qui continue à frapper paraît plus absurde et révoltante que jamais. Dans cette scène très forte, qui semble annoncer une filiation avec Le Bon, la brute et le truand (les prisonniers massés derrière un grillage), un autre Ford apparaît brièvement : Harrison, dix ans avant Star Wars, tout jeune et tout débutant.

La suite du film n’est pas tout à fait à la hauteur, mais réserve de belles surprises. Karlson réussit en tout cas à faire émerger des bribes d’humanité dans cette longue poursuite pleine de violence. Il filme des personnages fatigués, des hommes simples pour la plupart, qui ne demandent qu’à rentrer chez eux (jamais vu des soldats au cinéma réclamant à ce point de rentrer chez eux), mais contraints par des officiers aveuglés par leur devoir, ou leur rancœur : George Hamilton, pas mal en Sudiste que l’on sent tiraillé entre son envie de tuer et des restes d’humanité qui affleurent…

Et au milieu, une jeune femme, jouée par Inger Stevens, qui pourrait n’être qu’un argument charme comme il y en a tant dans l’histoire du western, mais qui s’avère beaucoup plus intéressante, beaucoup plus centrale. Sans dévoiler la fin du film, on peut quand même souligner ce dernier plan, lorsque la caméra se retrouve soudain au-dessus de la scène, cadrant Inger Stevens et Glenn Ford si proches, et si loin. Karlson est un cinéaste puissant.

Les Bleus du Ciel – de Henri Decoin – 1933

Posté : 5 janvier, 2023 @ 8:00 dans 1930-1939, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

Les Bleus du ciel

On ne compte plus les films prenant pour cadre de fond un terrain d’aviation, dans ces années 30 où les héros du ciel sont si populaires. Celui-ci, premier long métrage que Henri (Henry) Decoin signe de son seul nom, choisit la légèreté, en se focalisant sur l’amour que ressent un mécanicien un peu invisible pour la fille du patron, qui est aussi le meilleur pilote du club local.

Comme le jeune homme énamouré est joué par Albert Préjean, alors on chante beaucoup dans Les Bleus du Ciel, où l’action est régulièrement entrecoupée par des chansons. Une, surtout, qui revient comme un mantra : « Je suis quelqu’un maintenant », hymne à la méthode coué qu’un professeur d’énergie (joué par Palau, qu’on a connu moins excessif) tente d’insuffler au jeune Préjean, qui vient lui demander conseil.

C’est léger, et assez inconsistant. Mais c’est aussi charmant, grâce à la gouaille de Préjean, au charme insolent de Blanche Montel, aux acrobaties du chien, et surtout au regard de Decoin, qui filme ses personnages avec une vraie sensibilité. Il crée aussi des espèces de bulles d’humanité dans un décor plein de vie, où les protagonistes, Préjean en tête, se trouvent des recoins discrets pour laisser transparaître leur humanité : une cabane au bord du terrain d’aviation, l’ombre d’une aile d’avion, le couvert d’un buisson…

Le talent de Decoin est en construction, et le cinéaste fera mieux dès son film suivant (Toboggan), et encore plus avec celui d’après, Le Domino Vert, qui marquera sa rencontre avec Danielle Darrieux. Techniquement, le film reste aussi très imparfait. Mais il y a un grand charme qui se dégage de ces Bleus du Ciel, petite chose joyeuse et pleine de vie.

Nick Carter va tout casser – de Henri Decoin – 1964

Posté : 4 janvier, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

Nick Carter va tout casser

Dernier film de Decoin, Nick Carter va tout casser confirme jusqu’au bout la popularité du gars : c’est une production relativement importante, faite pour attirer le grand public. Nick Carter, ce héros de serial déjà vu sur grand écran devant la caméra d’un jeune Jacques Tourneur, est interprété par Eddie Constantine, que Decoin avait dirigé huit ans plus tôt dans son Folies-Bergères, et qui était l’une des grandes vedettes populaires de l’époque.

Une vedette qui, en même temps, confirme un autre constat : Decoin, en fin de carrière, est en rupture totale avec une partie du cinéma de cette époque. La Nouvelle Vague, donc, dont les grands maîtres ne l’épargneront pas. Et c’est vrai que Nick Carter va tout casser a déjà quelque chose d’un peu anachronique, un peu daté. Moins dans les scènes d’action d’ailleurs, assez brillamment chorégraphiée, que dans le scénario et l’aspect caricatural des personnages.

Que Nick Carter appartienne ouvertement à une autre époque est une chose (il ne cesse d’invoquer la mémoire de son père, détective et héros comme lui, au début du siècle). Que la jeunesse qui l’entoure soit automatiquement mise en cause en est une autre. Mais qu’attendre d’un personnage qui prend pour modèle un père dont l’une des grandes fiertés est d’avoir mis fin aux agissements condamnables d’une suffragette…

L’aspect rétro est plutôt rigolo. La légèreté avec laquelle le héros fait face à toute une série de tentatives de meurtres, au cours de cette histoire qui parle d’invention hi-tech, d’héritage et de trahison, donne le ton : on aurait bien tort de prendre tout ça trop au sérieux. Avec son action débridée, ses punchlines un peu lourdingues, ses personnages caricaturaux et ses rebondissements énormes, le film de Decoin prend le parti de l’excès et du spectacle.

C’est bien mineur dans l’œuvre de Decoin. Ça confirme que les vingt-cinq premières années de sa filmographie sont nettement plus enthousiasmantes que les dix dernières. Mais ça rappelle aussi que, même dans ses derniers films, on retrouve un savoir-faire solide. Verdict plutôt bon, quand même : il tire le meilleur possible d’un scénario limite, d’une photo sans charme, et d’une musique envahissante. Et puis ce sont ses adieux au cinéma, alors…

Haut les flingues ! (City Heat) – de Richard Benjamin – 1984

Posté : 3 janvier, 2023 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, BENJAMIN Richard, EASTWOOD Clint (acteur) | Pas de commentaires »

Haut les flingues

Le projet promettait : un polar rétro teinté d’humour réunissant Clint Eastwood et Burt Reynolds, devant la caméra de Blake Edwards, qui a imaginé l’histoire et signe le scénario sous un pseudo. Mais la production est chaotique, et les rôles féminins principaux, initialement prévus pour Julie Andrews (la compagne d’Edwards) et Sondra Locke (celle d’Eastwood), ne cessent de changer d’interprète, tandis que le climat se détériore vite entre Clint et le réalisateur, qui finit par quitter le navire, remplacé par un Richard Benjamin nettement moins chevronné.

Le résultat est, pour le moins, décevant. La reconstitution du Kansas City de la Prohibition est nickel. La musique jazzy de Lennie Niehaus est très réussie. La photo joliment rétro de Nick McLean renvoie à cette Amérique des années 30… Pourtant, rien ne fonctionne vraiment. Le mélange entre noirceur et humour n’est guère convaincant, le film oscillant entre une violence excessive et ouvertement caricaturale, et un humour pour le moins potache.

La confrontation perpétuelle entre les deux stars, elle aussi pleine de promesses. Mais entre le privé rigolard joué par Reynolds et le flic très raide Eastwood, l’animosité affichée, cachant mal une profonde affection, se résume un peu trop à un concours du style « qui aura la plus grande », qui trouve son apogée lors d’une fusillade au cours de laquelle les deux hommes sortent l’un après l’autre des flingues de plus en plus gros en se regardant avec un sourire au coin des lèvres. Gênant…

Pastiche maladroit citant aussi bien Scarface que Certains l’aiment chaud, City Heat ne trouve jamais le ton juste. Burt Reynolds cabotine joyeusement, s’offrant un rôle taillé sur mesure (il co-produit avec sa co-star). Clint Eastwood, en retrait, se contente de grimacer quand il est en colère, se livrant alors à une caricature de son propre personnage. Un rendez-vous manqué, dont il ne reste que quelques belles images.

A couteaux tirés (Knives Out) – de Rian Johnson – 2019

Posté : 2 janvier, 2023 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, JOHNSON Rian | Pas de commentaires »

A couteaux tirés

C’est donc pour donner des suites à ce film que Netflix a fait un chèque monumental. Sans doute y a-t-il un vrai potentiel derrière le personnage de détective qu’incarne Daniel Craig (juste avant d’endosser pour la dernière fois les fripes de 007), mais il faut bien le reconnaître : il n’y a quand même pas grand-chose de neuf sous le soleil. Ce « Benoît Blanc » aux origines indéterminées (mais à prononcer avec un c final sonore) est l’héritier à peine déguisé de Miss Marple et d’Hercule Poirot.

D’ailleurs, comme dans les grandes adaptations de l’œuvre d’Agatha Christie des années 70 et 80, et plus récemment dans celles de Kenneth Branagh, c’est un casting all-star que nous sort Rian Johnson, qui s’offre là une nouvelle virginité et un nouveau filon juteux, après avoir fâché une partie des membres de l’univers Star Wars. Toni Collette, Jamie Lee Curtis, Ana de Armas (avant Mourir peut attendre, donc), Michael Shannon, Don Johnson… et autant de coupables potentiels.

La formule est sans surprise : le film est construit en forme de Cluedo géant. Qui donc a tuer Christopher Plummer, richissime écrivain qui venait de déshériter à peu près tout le monde quand une mort violente et mystérieuse l’a fauché. Rien de bien neuf donc, même si côté scénario, il faut souligner l’originalité de la chose, qui nous dévoile très tôt le nom du coupable… Sauf que, bien sûr, non, c’est un peu plus compliqué.

Le film a un petit côté bâton de maréchal post-James Bond pour Daniel Craig, mais l’acteur s’amuse visiblement beaucoup à créer ce détective faussement nonchalant et très sûr de son talent. Et ce plaisir s’avère vite très communicatif, surtout quand Rian Johnson adopte un ton gentiment décalé et ne verse pas dans le suspens plus traditionnel, ce qu’il fait hélas dans la dernière partie. Mais ce premier film, sans rien révolutionner, donne plutôt envie de revoir Daniel Craig dans le rôle de ce Benoît BlanC. Et le c se prononce.

Jean-Claude Van Johnson (id.) – saison unique – créée par Dave Callaham et réalisée par Peter Atencio – 2016/2017

Posté : 1 janvier, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), ATENCIO Peter, CALLAHAN Dave, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Jean-Claude Van Johnson

JCVD s’offre décidément une nouvelle carrière étonnante avec cette manie de mettre en abîme son image de star. Cette série éphémère s’inscrit dans cette mouvance, avec un drôle de parti-pris. L’acteur Jean-Claude Van Damme serait en fait la couverture d’un agent secret d’élite. Si si.

Un espion à la retraite pour le coup, qui s’emmerde comme c’est pas permis en faisant du gras et en vivant dans une belle villa où les traces de son passé glorieux sont omniprésents : des affiches de ses films accrochés aux murs, une salle de sport qui n’a pas servi depuis longtemps…

Van Damme a cette capacité de se moquer de son image, acceptant de jouer une ancienne star de premier plan cantonnée à la VOD, qu’un quidam dans un bar confond avec Nicolas Cage. Et qui affiche un sourire d’enfant quand un méchant affirme que TimeCop est un meilleur film que Looper.

Manquerait plus qu’un bon réalisateur pour emballer tout ça… Mais c’est bien là que le bât blesse. La plupart des belles ambitions font flop dans cette série qui pourrait être réjouissante si elle n’était si molle. Alors après deux épisodes, on se désintéresse totalement de la chose, on ne sait même plus de quoi ça parle, et on souhaite à Van Damme d’inspirer un vrai grand cinéaste, un jour…

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