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Archive pour novembre, 2022

Les Enfants des autres – de Rebecca Zlotowski – 2022

Posté : 2 novembre, 2022 @ 8:00 dans 2020-2029, EFIRA Virginie, ZLOTOWSKI Rebecca | Pas de commentaires »

Les Enfants des autres

Promis : je ne répéterai pas une fois encore que Virginie Efira est immense, qu’elle a ce talent rare (si rare) pour faire naître une émotion et son contraire dans le même instant, qu’elle est de la trempe d’une Vivien Leigh (j’ai vérifié : je ne l’ai déjà écrit que deux fois sur ce blog). Bref. Parlons du film plutôt. De ce film si beau et si pudique que porte une Virginie Efira si émouvante, bouleversante, intense et nuancée…

Bon. Virginie Efira est grande, c’est un fait. Et ce fait inspire visiblement les cinéastes les plus passionnants du moment. La preuve avec ce film si personnel de Rebecca Zlotowski, qui offre à l’actrice un rôle qui ressemble bien à un alter ego : une femme ayant dépassé la quarantaine qui vit une belle histoire d’amour avec un père divorcé (Roshdy Zem, magnifique), dont la fillette lui fait prendre conscience de son envie désormais urgente d’être elle-même mère.

L’influence ce Truffaut baigne cette chronique d’une histoire d’amour. Pas seulement dans cette façon d’ouvrir et de conclure chaque séquence « à l’iris », comme si chaque scène se terminait par la fin d’une journée et par l’arrivée du sommeil, soulignant ainsi le temps qui s’écoule implacablement (et ça a du sens). On retrouve aussi chez Rebecca Zlotowski la même manière quasi amoureuse de filmer ses acteurs, au plus près, dans ce qu’ils ont de plus intime, et pourtant sans jamais être impudique.

On n’a pas si souvent vu filmer aussi intimement la naissance non pas du désir, mais du sentiment : ces doigts qui se cherchent dans la nuit parisienne, puis ces corps nus qui s’enlacent dans une étreinte passionnée et tendre. Oui, tendre. Le sexe est beau dans ce film, et ça non plus, ce n’est pas si courant. Comme il n’est pas si courant de voir des corps nus filmés avec une telle délicatesse, sans fard mais sans voyeurisme.

Et puis il y a la fille de son amoureux, cette enfant à laquelle le personnage de Virginie Efira donne tout son amour, mais qui ne sera jamais vraiment sa fille, parce qu’elle a déjà une maman (Chiara Mastroianni, beau personnage et belle présence). Et cette relation là, cet amour là, est le vrai cœur du film. Quelle est la place de la belle-mère dans une famille recomposée ? Le thème n’a pas souvent été abordé au cinéma. Il l’est ici avec une intelligence et une vérité exemplaires.

Et Virginie Efira (voilà que je m’y remets) donne corps à toutes les nuances de cette relation, toute la complexité du rôle qu’elle tient dans cette famille. Elle est magnifique, donc. Toute en nuances, comme toujours, comme le résume cet unique plan la suivant, seule, dans la solitude d’une nuit parisienne. C’est d’amour, qu’il faut aimer cette actrice.

Sous le soleil de Satan – de Maurice Pialat – 1987

Posté : 1 novembre, 2022 @ 8:00 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, Palmes d'Or, PIALAT Maurice | Pas de commentaires »

Sous le soleil de Satan

Austère et bouillonnant à la fois, voilà ce qu’est Sous le soleil de Satan, film que l’on sent très personnel pour Pialat, et pourtant si différent de son cinéma habituel. Le cinéaste adapte lui-même le roman de Bernanos, et signe un film extrêmement littéraire et rigoureux dans son rythme et dans son dialogue. Et c’est là que le miracle cinématographique se produit : cette rigueur toute littéraire des dialogues pourrait plomber le film s’il n’y avait un immense acteur pour les dire.

C’est Depardieu bien sûr, extraordinaire dans ce rôle de prêtre doutant de tout et surtout de lui, homme médiocre et effacé, confronté à ses questionnements sur le bien et le mal, sur le diable et sur la sainteté. Des thèmes qui pourraient être bien rebutants, entre d’autres mains. Parce que oui, Depardieu était le seul choix possible pour ce rôle : qui d’autre aurait pu donner autant de corps et de cœur à ces dialogues, autant de nuances et d’intensité, et autant de naturel, aussi ?

Et parce que Pialat emballe cette histoire, qui enchaîne en prenant son temps les longues séquences, avec une mise en scène d’une délicatesse folle. Un exemple : cette caméra qui semble enlacer une mère et un père confrontés à la mort de leur enfant, superbe mouvement d’appareil d’une discrétion et d’une tendresse qui n’ont pas de prix.

Au-delà de la présence de Depardieu, c’est cette intelligence et cette sensibilité de la mise en scène qui séduit dans Sous le soleil. La manière, par exemple, dont Pialat accompagne le prêtre vers une dimension surnaturelle : ces longs plans successifs qui le voient s’enfoncer dans la campagne, la lumière du jour baissant imperceptiblement, jusqu’à cette étrange obscurité grisâtre et la rencontre avec un vendeur ambulant, en qui le prêtre reconnaît le diable.

C’est dur, rêche, extrême et sans concession. Le film est pourtant d’une étonnante chaleur, jusque dans le drame qu’incarne Mouchette, cette menteuse perpétuelle au destin tragique jouée par Sandrine Bonnaire. Grâce aussi à la prestation toute en bienveillance de Pialat lui-même dans le rôle du prêtre protecteur de Depardieu, dont la présence semble donner une forme au regard plein de doute et de sincérité dépouillée du cinéaste. « Comme je me sens vieux, comme je me sens peu fait pour l’être. Jamais je ne vais savoir être vieux. » C’est bouleversant.

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