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Archive pour le 30 novembre, 2022

R.M.N. (id.) – de Cristian Mungiu – 2022

Posté : 30 novembre, 2022 @ 8:00 dans 2020-2029, MUNGIU Cristian | Pas de commentaires »

RMN

Le film s’ouvre dans un abattoir, où un employé roumain rudoie son supérieur après que celui-ci l’est traité de feignant, « comme tous les gitans ». Et on sent bien que c’est le côté « gitan » qui l’a mis hors de lui, plutôt que le côté « feignant ». Il quitte son job et retourne dans son petit village de Transylvanie, où cohabitent difficilement les communautés roumaines et hongroises, et où on vit mal l’arrivée de deux Sri-Lankais embauchés par la grande usine locale, une boulangerie industrielle.

Il faut dire que cette usine, qui est le plus grand employeur local, paye au minimum, et que la plupart des travailleurs du coin sont partis à l’étranger pour gagner une meilleure paye. Mais quand même, doit-on accepter que ces étrangers viennent prendre nos boulots ? Et puis on vient à peine de retrouver la paix après d’être débarrassé des gitans, alors… Peut-on vraiment ouvrir notre communauté à tout le monde ! « On a rien contre eux, du moment qu’ils restent chez eux… »

Ajoutons encore un Français venu compter les ours pour une OMG, et la culture allemande encore bien présente des siècles après une première vague d’immigration… Il y a, concentré dans ce petit village roumain, à la fois tout le métissage culturel européen, et toute l’hostilité vis-à-vis de l’étranger… Un paradoxe explosif que Cristian Mungiu saisit avec une acuité exceptionnelle. Et notamment lors d’un très, très long plan séquence (fixe) au cours duquel le cinéaste filme une assemblée lancée en plein débat sur le sort à réserver aux Sri-Lankais.

Tous les habitants du village sont là, réunis et tournés vers les notables locaux qu’on ne voit pas. Ce qu’on voit en revanche, c’est l’animosité, la défiance, la manière dont l’hostilité dirigée vers deux travailleurs sans histoire dévoile peu à peu les vieilles rancœurs, le mur qui sépare les deux communautés historiques. Et en même temps, les tourments et troubles des personnages principaux, attirés et séparés par le drame qui se noue dans le village.

D’un côté : Matthias, l’ouvrier qui revient au village, un colosse mal dégrossi, qui retrouve une épouse qu’il a visiblement maltraitée avant son départ, son fils qui ne parle plus depuis qu’il a fait une mystérieuse rencontre dans les bois, son père qui souffre d’un mal dont on ne sait pas grand-chose. Et de l’autre : Csilla, visiblement l’ancienne maîtresse de Matthias, mais aussi le bras droit de la patronne de la boulangerie. Une femme bien, qui fait ce qu’elle peut pour les deux ouvriers venus de si loin…

Quinze ans après sa belle Palme d’Or (4 mois, 3 semaines, 2 jours), Cristian Mungiu signe un film merveilleux, d’une grande puissance et visuellement splendide. Un film qui réussit le tour de force de nous plonger dans les tourments intimes de ses personnages, et de présenter un portrait complexe, pertinent et très percutant d’une Europe tiraillée par les questions d’identité et d’ouverture. La peur de l’autre, l’incompréhension, la quête de soi… Des thèmes fascinants, pour un film magnifique dont le final, déconcertant, hante longtemps le spectateur.

 

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