Rollerball (id.) – de John McTiernan – 2002
C’est donc pour ce film-là que McTiernan est allé en prison, après avoir fait espionner ses producteurs qu’il soupçonnait de vouloir saborder son rêve : faire de ce remake d’un film de Norman Jewison une sorte de Spartacus moderne… Pour retrouver des traces du chef d’œuvre de kubrick, il faut bien lire entre les lignes. Si la thématique est bien là, le résultat est quand même nettement plus proche d’un direct-to-dvd parfois très anonyme.
La patte du grand cinéaste de Predator, on la devine dans cette manière très personnelle de nous plonger au cœur de l’action la plus violente, pour tout de suite nous en extraire, comme si on y assistait de très loin. Du cinéaste qui a révolutionné le film d’action bourrin, on ne retrouve l’ambition que dans de brefs moments. Un, surtout : une étonnante course-poursuite au milieu du film, longue séquence intégralement filmée en vision nocturne monochrome.
Cette séquence radicale rompt avec le reste du métrage, gâché par un montage hyper syncopé qui semble confirmer que McTiernan a rapidement été dégagé de la post-prod, lui dont les films sont plutôt marqués par un montage au cordeau (et pas à la hache). Cela dit, a-t-il seulement été impliqué dans la pré-production du film ? Aucun autre de ses longs métrages n’est joué par des acteurs si dénués d’intérêt (un transparent Chris Klein dans le rôle principal, un Jean Réno sans surprise dans celui du méchant).
Rollerball pourrait, devrait être une sorte de fable ultra-violente, critique acerbe du capitalisme galopant. Il l’est sur le papier, mais l’absence totale de nuances et la manière dont tout ce qui n’est pas action pure est évacué n’aide pas à se passionner pour ce jeu de balle auquel on ne comprend pas grand-chose et qui n’a pas grand-intérêt, dont on imagine bien ce qu’il aurait pu représenter dans un Spartacus moderne.
Rollerball n’est pas même vraiment satisfaisant en tant que pur film d’action : on sent constamment McTiernan contraint, incapable de livrer le film politique, ou le pur exercice de style, qu’on aurait pu espérer.