Capitaine sans peur (Captain Horatio Hornblower) – de Raoul Walsh – 1951
On peut débattre et rétorquer que L’Aigle des mers ou Capitaine Blood, c’est aussi drôlement bien. J’en entends aussi clamer que Master and Commander calme tout le monde… Mais quand même, à le voir pour la première fois depuis bien longtemps, je le réaffirme et le crie haut et fort : Capitaine sans peur est le plus grand film d’aventure maritime de tous les temps. Et si ce titre doit être mis en balance, disons en fan évidemment totalement objectif de Raoul Walsh que je suis que ce serait avec le merveilleux La Belle espionne que ce serait…
Capitaine sans peur confirme en tout cas que Walsh est immense, et qu’il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il s’agit de faire souffler un souffle épique constant sur un film où les moments d’attente sont aussi nombreux et importants que les morceaux de bravoure. Entre un Gregory Peck mutique, le regard fixé sur l’horizon, et une bataille navale mémorable, le film trouve un équilibre exceptionnel. En état de grâce qu’il est, Walsh, avec cette fluidité si parfaite qui est sa marque la plus impressionnante.
Dans le rôle d’Horatio Hornblower, Gregory Peck trouve l’un de ses plus grands rôles. Pas le plus complexe sans doute : malgré le mystère qui l’entoure dans toute la première partie, on sent d’emblée que ce visage si beau et si lisse ne cache pas de réelles zones d’ombre, mais une grandeur qu’il se refuse à afficher au grand jour. Mais quelle classe, quelle présence ! Et quel couple il forme avec Virginia Mayo, actrice magnifique qui doit décidément tous ses grands rôles (entre les westerns La Fille du désert et Une corde pour te pendre, elle est aussi la trouble compagne de Cagney dans L’Enfer est à lui… Que du bon).
Technicolor flamboyant, couchers de soleil somptueux, clairs-obscurs envoûtants, rebondissements en pagaille, ampleur des scènes d’action, profondeur des enjeux dramatiques… Capitaine sans peur est ce qu’on peut appeler un film profondément généreux, tourné pour le seul plaisir du spectateur. C’est l’apogée du grand cinéma d’aventure, le triomphe du système hollywoodien. J’arrête là, ou je risque de dégainer le terme « chef d’œuvre »…