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Archive pour le 9 novembre, 2022

La Lune s’est levée (Tsuki wa noborinu) – de Kinuyo Tanaka – 1955

Posté : 9 novembre, 2022 @ 8:00 dans 1950-1959, TANAKA Kinuyo | Pas de commentaires »

La Lune s'est levée

Lettre d’amour, le premier film de Kinuyo Tanaka en tant que réalisatrice, m’avait laissé à peu près dans le même état que son personnage principal, sous le choc d’une révélation magnifique dans le taxi qui l’emmenait vers celle qu’il aime… Autant dire qu’il me tardait de découvrir la suite de son œuvre. Avec La Lune s’est levée, le deuxième de ses six films derrière la caméra, la cinéaste va plus loin encore dans l’épure et la simplicité, pour une nouvelle merveille tout aussi aboutie.

Le film est clairement placé sous le parrainage d’Ozu, avec qui l’actrice Kinuyo Tanaka a plusieurs fois collaboré (de J’ai été diplômé, mais… aux Sœurs Munakata, une dizaine de films en commun depuis 1929, et Fleurs d’équinoxe suivra). C’est lui qui signe le scénario de La Lune s’est levée, dont le thème n’est pas sans rappelé celui du sublime Voyage à Tokyo tourné deux ans plus tôt. Le grand Chishu Ryu retrouve d’ailleurs ici un rôle assez similaire, quoi que plus en retrait.

Celui d’un père vieillissant et veuf, dont les filles sont en âge de voler de leurs propres ailes et de quitter la demeure familiale dans une petite ville paisible, pour créer leur propre destin dans le tumulte de Tokyo. Tokyo dont, pour le coup, on ne voit rien, même si son aura est omniprésente. Le film de Kinuyo Tanaka oppose bien ces deux modes de vie : l’effervescence d’une grande ville à la quiétude d’une ville de province. A ceci près que tout le film se déroule dans une sorte d’entre deux, comme si les quelques semaines durant lesquelles se déroule l’histoire étaient l’antichambre d’une autre existence.

Dès les premières scènes, la réalisatrice rend perceptible cet état d’entre-deux. Tous les personnages semblent être à l’aube de quelque chose : sur le point de partir, ou simplement de passage. Il y a quelque chose de l’atmosphère d’une fin d’été dans ces moments anodins, ces soirées qui s’étirent au clair de lune, et cette conscience soudaine que le temps est compté, que les occasions qui se présentent resteront uniques.

Le film se concentre sur trois sœurs, les trois filles de Chishu Ryu. L’aînée est une veuve qui n’ose espérer une seconde chance. La cadette affirme à qui veut l’entendre que le mariage ne l’intéresse pas. La benjamine, pleine de vie, est bien décidée à jouer les entremetteuses pour que son aînée et ce jeune homme qui l’a connue bien des années avant se déclarent leur flamme. En oubliant au passage ses propres sentiments pour un autre homme qui s’apprêtent à partir…

Ce thème de l’occasion qui ne se représentera plus, et du temps qui passe n’offrant que de rares parenthèses, est magnifiquement résumé lors de la rencontre arrangée au clair de lune entre la cadette et celui qui n’a jamais oublié leurs rencontres d’autrefois. « On a déjà vécu ce moment », lui souffle-t-il, avant d’ajouter : « J’étais aussi à la veille d’un départ ». C’est simple, sobre, délicat, et magnifique.

Magnifique aussi, la manière dont Kinuyo Tanaka filme les mouvements, cadrant une main qui en saisie une autre, un visage qui se dissimule, un regard qui se trouble, les détails de gestes traditionnels mille fois répétés. Il y a là une sorte de sérénité associée très intimement à une urgence absolue, et c’est, encore une fois, d’une très grande beauté.

 

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