Les Enfants des autres – de Rebecca Zlotowski – 2022
Promis : je ne répéterai pas une fois encore que Virginie Efira est immense, qu’elle a ce talent rare (si rare) pour faire naître une émotion et son contraire dans le même instant, qu’elle est de la trempe d’une Vivien Leigh (j’ai vérifié : je ne l’ai déjà écrit que deux fois sur ce blog). Bref. Parlons du film plutôt. De ce film si beau et si pudique que porte une Virginie Efira si émouvante, bouleversante, intense et nuancée…
Bon. Virginie Efira est grande, c’est un fait. Et ce fait inspire visiblement les cinéastes les plus passionnants du moment. La preuve avec ce film si personnel de Rebecca Zlotowski, qui offre à l’actrice un rôle qui ressemble bien à un alter ego : une femme ayant dépassé la quarantaine qui vit une belle histoire d’amour avec un père divorcé (Roshdy Zem, magnifique), dont la fillette lui fait prendre conscience de son envie désormais urgente d’être elle-même mère.
L’influence ce Truffaut baigne cette chronique d’une histoire d’amour. Pas seulement dans cette façon d’ouvrir et de conclure chaque séquence « à l’iris », comme si chaque scène se terminait par la fin d’une journée et par l’arrivée du sommeil, soulignant ainsi le temps qui s’écoule implacablement (et ça a du sens). On retrouve aussi chez Rebecca Zlotowski la même manière quasi amoureuse de filmer ses acteurs, au plus près, dans ce qu’ils ont de plus intime, et pourtant sans jamais être impudique.
On n’a pas si souvent vu filmer aussi intimement la naissance non pas du désir, mais du sentiment : ces doigts qui se cherchent dans la nuit parisienne, puis ces corps nus qui s’enlacent dans une étreinte passionnée et tendre. Oui, tendre. Le sexe est beau dans ce film, et ça non plus, ce n’est pas si courant. Comme il n’est pas si courant de voir des corps nus filmés avec une telle délicatesse, sans fard mais sans voyeurisme.
Et puis il y a la fille de son amoureux, cette enfant à laquelle le personnage de Virginie Efira donne tout son amour, mais qui ne sera jamais vraiment sa fille, parce qu’elle a déjà une maman (Chiara Mastroianni, beau personnage et belle présence). Et cette relation là, cet amour là, est le vrai cœur du film. Quelle est la place de la belle-mère dans une famille recomposée ? Le thème n’a pas souvent été abordé au cinéma. Il l’est ici avec une intelligence et une vérité exemplaires.
Et Virginie Efira (voilà que je m’y remets) donne corps à toutes les nuances de cette relation, toute la complexité du rôle qu’elle tient dans cette famille. Elle est magnifique, donc. Toute en nuances, comme toujours, comme le résume cet unique plan la suivant, seule, dans la solitude d’une nuit parisienne. C’est d’amour, qu’il faut aimer cette actrice.
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