X : l’inconnu / Docteur Adam contre l’inconnu (X : the unknown) – de Leslie Norman (et Joseph Losey) – 1956
Dans la lignée de The Quatermass Experiment, X : the unknown surfe sur le thème très en vogue de la menace nucléaire. Sur le fond, le film n’apporte rien de bien neuf, si ce n’est une théorie forcément tirée par les cheveux qu’on oublie aussi vite que l’incontournable scientifique la sort à un public forcément convaincu à la première écoute. La croûte terrestre renfermerait une forme de pure énergie qui chercherait à sortir de là depuis des millions d’années. Et qui trouve justement le moyen de prendre l’air au lieu et au moment où des soldats s’entraînent à l’utilisation d’un compteur geiger. How convenient !
Hautement improbable, donc, mais Quatermass l’était tout autant, comme d’ailleurs beaucoup de petites productions Hammer de cette époque, ce qu’est le film de Leslie Norman. Ce dernier (qui sera un réalisateur récurrent de la série Le Saint) signe le film, mais ç’aurait pu (dû) être Joseph Losey. Déjà nettement plus aguerri (il a déjà réalisé le remake de M et La Bête s’éveille, notamment), Losey est aussi déjà blacklisté par pas mal d’anti-communistes. Ce fut semble-t-il le cas de Dean Jagger, l’interprète du scientifique, héros de ce film, qui aurait obtenu qu’il soit remplacé. Ce qui ne rend pas ce dernier très sympathique quand on y pense…
Et c’est bien dommage. Parce qu’à l’écran, il l’est franchement. En tout cas très charismatiques, le genre de scientifiques dont on sait qu’on peut compter sur eux pour sauver le monde en toutes circonstances. Jagger donne une sorte de colonne vertébrale à ce film qui trouve un bel équilibre entre le pur suspense et l’horreur, mais avec un flegme très british et un humour très présent qui contribue largement à rendre attachant le moindre des seconds rôles.
Comme ces soldats écossais à l’accent à couper au couteau (le film se passe en Ecosse) qui ne parlent que de leur envie d’aller prendre le thé, évoquant les horreurs qui se produisent avec un recul qui n’appartient qu’à ce fameux flegme britannique. L’humour n’est là que par petites touches, qui n’atténuent en rien l’intensité du suspense. Et de ce côté là aussi, le film est une réussite, à la fois très simple et direct dans sa facture, et d’une fluidité remarquable.
Peu d’effets spéciaux pour ce film, où le fantastique se cantonne le plus souvent à l’atmosphère, dans la grande tradition des films d’horreur fauchés et géniaux de Tourneur. Comme chez ce dernier, la découverte du « monstre » est repoussée à la toute dernière partie du film. Et sa représentation adopte un minimalisme qui fait mouche. Avant ça, de rares effets aussi fulgurants que marquants : la terre qui s’ouvre mystérieusement, un visage qui fond… De brefs moments d’horreur, qui renforcent la tension constante que maintient Norman. ET Losey ?