Contre-enquête – de Franck Mancuso – 2007
On s’attend toujours à être secoué par un film évoquant la mort d’un enfant. En guise se secousses, on se contente de légers frémissements dans ce premier polar réalisé par Franck Mancuso. Surtout connu pour être le scénariste de 36 quai des Orfèvres, le film d’Olivier Marshall, Mancuso est clairement plus à l’aise pour imaginer une histoire dense et tortueuse que pour la mettre en scène.
Réalisé par un cinéaste plus chevronné, Contre-enquête aurait pu être un excellent film. Sur le papier, il a tout ce qu’il faut pour cela : l’histoire de ce flic ravagé par la mort de sa fille est plutôt bien écrite, privilégie l’introspection à l’action, et réserve un retournement final que, franchement, on ne voit pas arriver. C’est même assez passionnant de voir ce père détruit entretenir une liaison épistolaire avec l’homme qui a été condamné et emprisonné pour le meurtre de sa fille, et qui finit par se convaincre de son innocence.
Et puis il y a Jean Dujardin, pour qui ce film constitue une nouvelle étape charnière, juste après le premier OSS 117. Même s’il était déjà apparu dans un polar très noir et réussi (Le Convoyeur), c’est la première fois qu’il porte sur ses épaules un film aussi sombre, avec un personnage aussi troublé. Et il se révèle, déjà, d’une grande intensité et d’une grande justesse. L’acteur habité d’Un balcon sur la mer ou Möbius est déjà là.
Mais ça ne suffit pas, hélas. D’abord parce que tous les acteurs ne sont pas de la trempe de Jean Dujardin. Laurent Lucas est troublant en meurtrier présumé, Aurélien Recoing parfait en flic empathique. Mais beaucoup de seconds rôles sont pour le moins approximatif (mon dieu, la plaidoirie de l’avocat!), et surtout, Mancuso se révèle incapable de filmer convenablement un dialogue lambda.
Mancuso peine à donner du rythme à son film. Dans la première partie surtout, où tout semble faux, pas dans le ton. C’est bien dommage, parce que quelques belles images nocturnes, ou quelques plans sur le visage hanté de Dujardin laissent imaginer ce qu’aurait pu être le film entre les mains d’un cinéaste plus doué : autre chose que ce petit polar prenant et souvent plaisant, mais aussi maladroit et très frustrant.
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