Forrest Gump (id.) – de Robert Zemeckis – 1994
De ce petit phénomène des années 1990, beaucoup n’ont retenu que la manière dont le destin de cet homme bon mais un peu lent s’inscrivait si intimement dans la grande histoire de l’Amérique, serrant la main à trois présidents, influençant Elvis ou Lennon, devenant une véritable célébrité en tant que héros du VietNam, créateur d’une grande compagnie de pêche à la crevette, coureur à pied inspirant ou icône d’une Amérique contestatrice.
Ces rencontres ou clins d’œil à l’histoire en marche, des années 50 au début des années 80, sont très présentes, et ponctuent l’histoire de Forrest Gump comme autant de jalons égrenant la course du temps. Ils sont amusants, parfois même très drôles. Leur accumulation a un côté absurde qui prête à sourire, mais qui reste tout de même assez anecdotique.
En revanche, on est toujours emporté par l’extrême bienveillance du personnage, sa simplicité, son absence si totale de duplicité ou de calcul. Forrest Gump est un homme que les sursauts de l’histoire comme les petits accidents de la vie ballottent dans un sens ou dans l’autre, à l’image de cette plume qui vole au début et à la fin du film, se laissant emporter sans résistance au hasard de la brise.
Brise ou tempête pour Forrest, qu’importe. La manière dont Tom Hanks répond par un simple « OK » à toutes les sollicitations, avec ce rond accent du Sud, est irrésistible, ce « OK » qui suffit à passer d’une séquence de comédie à celle sans concession de la guerre, changeant de séquence et d’atmosphère avec naturel. Il est formidable, Hanks, avec ce regard si innocent qui lui a valu son deuxième Oscar en deux ans, après Philadelphia.
Presque dix ans après Retour vers le futur, Zemeckis signe un nouveau jalon majeur du cinéma américain populaire, un film à la fois très drôle et extrêmement mouvant, où l’on rit aussi franchement que l’on pleure. On en sort avec un mélange de boule au ventre et d’euphorie, et l’envie de vivre sa vie avec intensité. C’est déjà un beau programme, non ?