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La Charrette Fantôme – de Julien Duvivier – 1940

Classé dans : 1940-1949,DUVIVIER Julien,FANTASTIQUE/SF — 22 septembre, 2022 @ 8:00

La Charrette Fantôme

Ce n’est pas parce que c’est un film de commande que ça ne peut pas être une œuvre personnelle. La Charrette Fantôme en est un parfait exemple : Duvivier n’est pas à l’origine du projet, qui lui a été confié par la Transcontinental. Ce n’est d’ailleurs pas un matériau tout neuf, puisque le roman de Selma Lagerlöf a déjà été porté à l’écran par Victor Sjöström pour un chef d’œuvre muet. Mais Duviver en tire un film qui porte en lui plusieurs thèmes qui lui sont chers.

Celui de la rédemption pour commencer, omniprésent dans son cinéma, et encore auréolé d’une grande auréole religieuse qui frise, au moins dans une scène, au prêchi-prêcha d’un autre temps. Qui frise seulement, parce que même si la grande séquence du prêche se veut ouvertement grandiloquente, elle est d’une force indéniable, qui vous tire des frissons et donne une vérité indéniable à une situation hautement improbable : des laissés pour compte sont en proie à une violente crise de conscience suscitée par des chants religieux.

Duvivier renoue aussi avec une forme de fantastique très ancré dans la religion, après le beau Le Golem. Ici, il s’agit d’une charrette grinçante annonciatrice de la mort qui va frapper. Et Duvivier se démarque de Sjöström en ne filmant que très rarement la charrette, limitant ses effets visuels pour se contenter de bruits de grincement. Une sobriété qui rend les scènes de mort plus frappantes encore, particulièrement celle de Georges, dont l’agonie se conclut par un gros plan assez traumatisant sur le visage de Louis Jouvet.

Jouvet, impérial en lettré des bas-fonds, fascinant contrepoint à la déchéance du personnage principal joué par Pierre Fresnay. Le premier est cultivé, le second a un solide savoir-faire d’artisan (souffleur de verre en l’occurrence)… Pas exactement l’incarnation typique du sans domicile fixe habituel. Pourtant, il y a dans La Charrette Fantôme une vérité qui, pour le coup, porte indéniablement la patte de Duvivier, dont le plus grand talent a toujours été de nous plonger dans des microcosmes très différents.

Ici, dans cette ville dont on ne sait rien (si ce n’est qu’elle « ici, là-bas, ou ailleurs », ainsi que le précise un carton au début du film), Duvivier fait sentir la crasse, la misère et l’ennui. Fresnay et Jouvet, deux aristocrates de la rue confrontés à leur propre mort, sont magnifiques. Face à eux, Micheline Francey incarne une irrésistible jeune sainte, d’une bienveillance absolue. C’est aussi ça le regard de Duvivier : sans rien gommer de la noirceur de ses personnages, il signe un film extrêmement bienveillant, qui réchauffe le cœur.

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