Backdraft (id.) – de Ron Howard – 1991
Ah! 1991… Mes 15 ans, mes premières amours cinématographiques, mes premiers émois, mes premiers frissons… Est-il possible, pour un cinéphile, de revoir les films de cette période si fondatrice avec un regard vraiment neuf, l’objectivité et la sensibilité d’un homme accompli ? Not me, no sir… Il serait d’ailleurs peut-être temps que j’ajoute une catégorie « 1991 » à ce blog : celle des films fondateurs, cette base sur laquelle toute ma cinéphilie à venir s’est bâtie.
Tout ça pour dire que Backdraft fait partie de ces films sur lesquels ce blog ne portera qu’un regard bienveillant, et empli d’une authentique affection. Il y en a et aura d’autres bien sûr, et des moins défendables que celui-là. Et trente ans après, à le revoir pour la première fois depuis sa sortie en salles, le film de Ron Howard appartient avec évidence et flagrance à cette époque du début des années 90, celle d’avant les CGI omniprésents, celle d’avant la surenchère obligée, mais aussi celle des excès visuels malencontreux.
Ron Howard abuse donc des ralentis dans l’action et dans le drame, frôlant les excès d’un John Woo, la maîtrise lyrique en moins. Et à trop faire grincer les violons, il ne réussit qu’à étouffer l’émotion et à amoindrir l’impact de ses images, par ailleurs assez bluffante. Parce qu’on est justement avant les CGI, parce qu’on n’est pas encore dans la période actuelle où un drame n’existe pas en deçà de vingt-cinq morts affreuses et filmées en gros plan. Et parce que ces images d’incendie sont réellement toujours impressionnantes.
L’histoire ne semble d’ailleurs qu’un prétexte pour mettre en scène les pompiers combattant un feu dont le film tente d’appréhender la dimension insaisissable, avec une certaine réussite. Histoire de deux frères que tout oppose, mais unis par un même destin : celui transmis par un père héros du feu, mais terrassé par lui. Howard est particulièrement à l’aise pour filmer les moments spectaculaires, et ils ne manquent pas, avec une réinvention constante, scène après scène : comme les feux que combattent les pompiers, chaque séquence d’incendie à sa personnalité propre, et c’est là que le film est le plus réussi.
On peut trouver en revanche que les personnages secondaires sont un peu faibles, ou cantonnés à des rôles de faire-valoir, et c’est particulièrement des personnages féminins. Mais Ron Howard peut se reposer sur une belle distribution. Bon… peut-être par William Baldwin, assez fade dans le rôle central du petit frère. Mais le grand frère Kurt Russell a nettement plus de gueule, et il est entouré par Scott Glenn, Donald Sutherland et Robert De Niro. Ce qui, de toute façon, suffit largement à assurer l’intérêt.