Au poste ! – de Quentin Dupieux – 2018
Séduit et intrigué, plus que réellement convaincu par Incroyable mais vrai… Une deuxième plongée dans l’univers de Dupieux s’imposait rapidement. Verdict : séduit et intrigué, plus que réellement convaincu.
Cette fois encore, le marketing autour du film est imparable, avec son affiche qui évoque très ouvertement les polars de Belmondo des années 70, du genre Peur sur la ville. Pourtant, le dispositif choisi par Dupieux évoque moins le Bebel flamboyant qu’un autre classique un rien plus tardif : Garde à vue, avec son face-à-face entre un flic et un suspect dans un commissariat quasi-désert.
Mais on est bien chez Dupieux, et clairement pas chez Claude Miller. Dans Au poste !, le face-à-face relève également du plaisir de l’acteur, mais bien d’avantage du côté de l’absurde et du non-sens. Voire même du surréalisme, jusqu’à un rebondissement final en forme de mise en abîme pour le moins audacieuse… qui laisse pour le moins dubitatif.
Dans ce huis-clos étonnant, le suspect joué par Grégoire Ludvig (l’un des membres du Palmashow) est interrogé par le commissaire Benoît Poelvoorde. Et dans le rôle de Guy Marchand… pardon, du flic chargé de surveiller le suspect, Marc Fraize, extraordinairement lunaire et décalé. Devant la caméra de Dupieux, tous les flics ont une curieuse particularité physique. Benoît Poelvoorde a un trou dans la poitrine qui laisse échapper la fumée de sa cigarette. Marc Fraize a un œil comme gommé de son visage. Même Philippe Duquesne a une jambe engoncée dans un appareillage volumineux.
C’est très drôle, et c’est surtout du décalage que vient l’humour. L’absurdité de l’interrogatoire, la rencontre hallucinante entre Poelvoorde et son fils joué par Orelsan, jeune homme dépressif qui lance à son père : « La semaine dernière j’ai voulu me suicider, mais j’ai regardé la télé à la place. » Formidable utilisation des flash-backs aussi : des souvenirs dans lesquels les personnages du présent s’incrustent et interagissent. Séduisant, et intriguant. Une troisième plongée dans l’univers Dupieux s’impose…
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