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Archive pour août, 2022

La Mort en direct (Death Watch) – de Bertrand Tavernier – 1980

Posté : 6 août, 2022 @ 8:00 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, TAVERNIER Bertrand | Pas de commentaires »

La Mort en direct

Des remarquables premières années de Bertrand Tavernier derrière la caméra, La Mort en direct n’est le plus connu, ni le plus reconnu de ses films. L’adaptation d’un roman de science-fiction sans le moindre effet spécial, dans un décor qui n’évoque un passé proche que par quelques détails, et avec quelques idées fortes qui pourraient flirter avec le grotesque. Mais sans être l’un de ses chefs d’œuvre, il y a quelque chose de très beau dans cette espèce de road-movie désenchanté.

Côté anticipation, mis à part un ordinateur qui écrit un roman à la place d’un écrivain, on est plutôt du côté de la critique sociale à la manière d’un George Orwell (dont Tavernier est un grand admirateur) ou, après quelques décennies d’avance, du très beau film de Cuaron Les Fils de l’Homme. A ceci près que l’événement n’est pas une femme enceinte dans un monde où il n’y a plus de naissance, mais une femme malade dans un monde où les morts naturelles ont disparu…

Autre idée forte : c’est aussi le roman initial qui invente en quelque sorte la notion de téléréalité, là aussi bien avant Truman Show. Parce que cette femme mourante, interprétée par une Romy Schneider magnifique dans ce rôle souvent tout en retenu et assez douloureux, devient malgré elle l’héroïne d’une émission télé baptisée « Death Watch » censée remettre la mort au cœur de la société, en suivant les derniers jours d’une condamnée, jusqu’à l’agonie finale.

Et si les spectateurs peuvent suivre cette agonie, c’est grâce au réalisateur de l’émission, à qui une caméra a été greffée dans l’œil, et qui gagne la confiance de la malade. Oh l’idée casse-gueule qui semble sortie de la série Z la plus minable. Et pourtant ça marche, grâce à une mise en scène directe et humaine, et grâce à un étonnant Harvey Keitel, cynique jusqu’à la nausée, et pourtant profondément humain.

L’esthétique a certes un peu morflé, et le film aurait gagné à être un peu plus serré. Mais Tavernier transforme l’essai avec ce premier film en anglais, tourné intégralement en Ecosse, notamment dans un Glasgow particulièrement cinégénique. Interprétation au top, de Harry Dean Stanton à Max Von Sydow. Réflexion assez forte sur la place du numérique et la force de la télévision. Road movie émouvant de deux paumés solitaires. Un beau film.

The Teckman Mystery (id.) – de Wendy Toye – 1954

Posté : 5 août, 2022 @ 8:00 dans * Polars européens, 1950-1959, TOYE Wendy | Pas de commentaires »

 The Teckman Mystery.jpg - Photos

Je ne connaissais pas Wendy Toye, mais un rapide coup d’œil à sa biographie suffit à réaliser à quel point cette ancienne danseuse a eu une carrière étonnante. Chorégraphe, femme de théâtre, elle a aussi réalisé quelques films pour le cinéma, dont ce premier long métrage, qui révèle à la fois pas mal de limites et un esprit assez enthousiasmant.

Les limites reposent surtout sur la technique, la direction d’acteur, la réalisation pure. Là, il faut reconnaître que la réalisatrice représente assez bien tout ce qu’on peut trouver de lisse, voire de tiède, au cinéma anglais de cette période. C’est platement réalisé, avec de longs plans purement fonctionnels où une malencontreuse ombre apparaît, semblant suggérer l’imminence d’un danger… Mais non, c’était probablement un technicien mal placé.

Cette première impression s’estompe un peu au fur et à mesure que le personnage principal s’enfonce dans le mystère. Romancier à succès, il est chargé d’écrire la biographie d’un pilote mort dans l’explosion de son avion prototype. Enfin c’est ce que tout le monde affirme, mais l’enquête que mène le futur biographe ne tarde pas à faire émerger le doute.

Wendy Toye aussi, qui dirige tous ses seconds rôles comme s’ils étaient des traîtres. Ce qui a pour effet, au choix et selon le niveau de bienveillance qu’on veut garder : de poser les bases d’un thriller joliment paranoïaque, ou de lasser d’un faux suspense dont on sait bien qu’il ne mènera pas à une conclusion très dramatique. Il y a un peu de tout ça, et un doute qui subsiste sur le talent de ces seconds rôles, dont on se demande bien s’ils jouent le trouble… ou s’ils jouent mal.

Le jeu du héros-enquêteur, incarné par John Justin, ne laisse lui aucun doute sur l’intention toute entière tournée vers une certaine légèreté du film. Cet accent londonien surjoué, le flegme so british à toute épreuve (mais vraiment à toute épreuve), il affronte tous les dangers, toutes les morts, avec un détachement presque amusé qui donne le ton : sans brader le mystère, Wendy Toye ne le prend pas vraiment au sérieux.

Le résultat est en tout cas bien plaisant. Et même si le héros passe beaucoup de temps à boire et à proposer du brandy (à des proches ou de vagues connaissances qui eux passent beaucoup de temps à refuser le verre, parce qu’il est trop tôt pour eux), le film se regarde plutôt avec un thé ou un café sur une petite table recouverte d’un napperon. Et si la pluie tombe derrière la fenêtre, ça peut être encore mieux.

La Chatte – de Henri Decoin – 1958

Posté : 4 août, 2022 @ 8:00 dans 1950-1959, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

La Chatte

Comparer La Chatte à L’Armée des ombres est évidemment tentant. Parce que les deux films mettent en scène un réseau de la Résistance bien organisé et n’hésitant pas à se salir les mains, loin de l’héroïsme trop facile que retient volontiers la mythologie. Et parce que le film de Decoin et celui de Melville se concluent sur des scènes étonnamment similaires.

La Chatte n’a toutefois pas le réalisme extrême du film de Melville. Il y a là une vérité indiscutable cela dit : Decoin filme le drame qui se noue au plus proche des personnages et de leurs tourments. Mais beaucoup plus que Melville, il s’autorise un recours à des artifices purement cinématographiques assez ambitieux.

On retiendra notamment l’étonnante partition sonore de Joseph Kosma. On hésite même à utiliser le mot « musique », tant le compositeur habituellement si romanesque livre ici une composition quasi-expérimentale, avant-gardiste en tout cas, qui relève d’avantage de l’atmosphère sonore que de la bande originale classique. Cinq ans avant Les Oiseaux, on n’est pas si loin du travail qu’y mènera Bernard Herrmann.

Le film de Decoin a d’ailleurs avec celui d’Hitchcock un autre point commun : celui de centrer son histoire sur une jeune femme au regard troublant, plongée dans une violence qui la dépasse. La veuve d’un résistant en l’occurrence, qui a assisté impuissante à la mort de son mari dans une séquence inaugurale brillante et glaçante, avant de prendre sa place au sein de la Résistance, d’abord pour une mission à hauts risques.

Cette mission, le vol de documents secrets dans un site très sécurisé, est un autre très grand moment de cinéma, admirablement mis en scène dans un décor de studio restreint mais formidablement utilisé : le recoin d’une rue sans charme, qui devient un lieu central où l’on assiste, ou « d’où » l’on assiste au drame qui se noue.

Dans le rôle central de « la chatte », cette jeune femme devenue malgré elle figure de la Résistance, mais qui tombera amoureuse d’un officier allemand se faisant passer pour un journaliste suisse, Françoise Arnoul dévore l’écran, émouvante et sexy en diable : un cocktail que Decoin va passer une grande partie du film à mettre en valeur. Il le fait tantôt avec sensibilité, tantôt avec un rien de complaisance (la scène de la palpation). L’actrice est en tout cas troublante et parfaite dans ce rôle.

Librement inspiré d’une histoire vraie, La Chatte est un beau film. Imparfait, certes, mais rempli de grands moments de cinéma, de bons seconds rôles (il y a Bernard Blier, alors…), de suspense et d’émotion. Pas L’Armée des ombres, non, mais passionnant à plus d’un titre.

Alfred Hitchcock présente : Human Interest Story (Alfred Hitchcock presents : Human Interest Story) – de Norman Lloyd – 1959

Posté : 3 août, 2022 @ 8:00 dans 1950-1959, COURTS MÉTRAGES, EASTWOOD Clint (acteur), FANTASTIQUE/SF, LLOYD Norman, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

 Alfred Hitchcock présente Human Interest Story 1.jpg - Photos

Après avoir éclusé tous les épisodes de la série anthologique Alfred Hitchcock présente réalisés par le maître lui-même, pourquoi découvrir celui-ci plutôt qu’un autre ? Le choix ne manque pas… Pas tant pour le plaisir de découvrir un Steve McQueen en pleine gloire Au nom de la loi, mais pour peaufiner une intégrale que ce blog consacre à un jeune acteur en passe de devenir la vedette d’une autre série western.

Clint Eastwood apparaît en effet très brièvement au début de cet épisode, ultime apparition anonyme (vraiment anonyme, pour le coup) avant d’être choisi pour tenir le deuxième rôle de Rawhide, ce qu’il fera pendant huit saisons et 217 épisodes, et ce qui lui ouvrira les portes de la gloire. On n’en est pas là : après quelques seconds rôles plus ou moins remarqués dans des films et épisodes de séries plus ou moins remarquables, Clint se contente de jouer les figurants ici.

Alfred Hitchcock présente Human Interest Story 2

Temps de présence à l’écran : 3 secondes ? Le temps de donner une feuille de papier à un autre figurant tout aussi anonyme, dans la salle de rédaction où travaille le jeune Steve McQueen. McQueen en journaliste chargé d’aller dans un bar pour rencontrer un homme qui prétend être un Martien, et qui lui raconte dans le détail comment il est passé de Mars à la planète Terre, où il occupe sans savoir pourquoi le corps d’un homme.

Pas de grands effets ni même de flash back : Norman Lloyd filme à peu près uniquement un long dialogue. Ce pourrait être ennuyeux, mais le réalisateur donne un vrai rythme à ce face-à-face dans un bar, variant les angles et jouant sur la joyeuse propension de Steve McQueen à cabotiner. On n’y croit pas vraiment, mais on se laisse emporter, et même surprendre par le rebondissement final.

La Femme à la fenêtre (The Woman in the window) – de Joe Wright – 2019-2021

Posté : 2 août, 2022 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, 2020-2029, WRIGHT Joe | Pas de commentaires »

La Femme à la fenêtre

Joe Wright a au moins le mérite de ne pas cacher ses influences – majeures. Son film s’inspire très ouvertement de Fenêtre sur cour et de La Maison du Docteur Edwardes ? Il glisse dès les premières séquences des extraits des deux classiques d’Hitchcock. La Femme à la fenêtre, adaptation d’un roman à succès, est ainsi avant tout un film hyper-référencé qui flirte tout autant du côté du thriller paranoïaque à la Rear Window que du côté de la peur psychanalytique à la Spellbound.

Les références sont bonnes, l’élève est appliqué, l’actrice (Amy Adams) est excellente. Mais La femme à la fenêtre reste constamment très en deçà de ses lourdes références. Le scénario est retors et assez efficace, mais il ne surprend jamais. Pas vraiment en tout cas, tant la présence étouffante des références prépare le spectateur aux différents rebondissements. Les quelques moments de pure angoisse sont ainsi vécus avec une aimable tension, et les effets faciles de peur instantanée tombent complément à plat.

Bref : même pas peur. De ce côté là au moins, Joe Wright rate complètement sa cible. Il se rattrape un peu avec le portrait de cette femme névrosée vivant seule dans un appartement new-yorkais, que son agoraphobie affichée lui interdit de quitter, variation maligne sur le personnage de James Stewart cloué dans son fauteuil dans le film de Hitchcock. Comme lui, elle occupe ses longues journées à observer ses voisins. Et comme lui, elle assiste à ce qu’elle croit être le meurtre de sa voisine par son mari. Et toujours comme lui, personne ne la croit.

On sent bien dès le début qu’il y a autre chose en jeu : l’autre référence hitchcockienne du film, le traumatisme profondément enfoui. Mais les signes sont grossiers, les ficelles souvent énormes, et Wright, pour faire simple, n’est clairement pas Hitchcock. Alors la grande révélation intime de la mi-film ne procure pas l’immense émotion qu’elle devrait. Elle ne laisse pas de marbre, non, mais ne surprend pas vraiment.

C’est tout le problème du film : appliqué, malin, relativement efficace, il donne souvent le sentiment d’enfoncer des portes ouvertes. Formellement, le film est concluant. Les acteurs sont excellents. Et le plaisir est réel, avant tout basé sur l’ambiance paranoïaque que Wright réussit à créer. Voilà.

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