Incroyable mais vrai – de Quentin Dupieux – 2022
Il était grand temps que je plonge dans l’univers de Quentin Dupieux, à côté duquel j’étais jusqu’à présent totalement passé. Incroyable mais vrai, c’est en premier lieu un grand succès marketing. Parce que la bande annonce (omniprésente au moment de la sortie) intrigue et enthousiasme à la fois. On pressent qu’il y a là une authentique gourmandise de cinéma : à la fois dans la volonté de surprendre et dans le plaisir du jeu d’acteurs.
Ce qui frappe en premier dans le film de Dupieux, c’est décalage discret mais constant entre la modernité et un côté ouvertement rétro. Incroyable mais vrai a ainsi une esthétique très années 80 au premier coup d’œil. Mais il est question de nouvelles technologies très avancées, flirtant même avec la science-fiction. L’histoire se passe de nos jours, mais les détails semblent sortir d’un passé relativement proche, celui de la jeunesse des personnages peut-être. Chabat joue à un jeu vidéo première génération sur un écran d’ordinateur bien d’aujourd’hui… Petit décalage qui crée mine de rien une atmosphère un peu irréelle.
La narration se joue ouvertement de la temporalité. C’est même le sujet principal du film, à de multiples échelles. Difficile d’ailleurs d’en dire trop sans déflorer les surprises du film. Disons simplement que l’histoire, absurde et énorme, repose sur deux couples, deux secrets improbables, et deux manières d’évoquer la vanité et le mythe de la jeunesse éternelle.
Par l’absurde, par le fantastique, et grâce à des acteurs formidables (Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel, Anaïs Demoustier), Dupieux évoque une humanité qui fait face comme elle le peut au poids du temps qui passe, au regard des autres. Il souligne aussi l’absurdité de la modernité à tout prix, que Dupieux oppose in fine à un retour à la nature tendre et émouvant, mais pas non plus débordant d’enthousiasme. C’est tantôt drôle, tantôt touchant, tantôt lourdingue. Toujours étonnant en tout cas, et franchement séduisant.