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Archive pour le 21 juin, 2022

La Loi du Marché – de Stéphane Brizé – 2015

Posté : 21 juin, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019 | Pas de commentaires »

La Loi du Marché

D’un strict point de vue stylistique, La Loi du Marché s’inscrit dans un courant très balisé d’un certain cinéma social : caméra à l’épaule, cadres non stabilisés… Stéphane Brizé signe un film qui flirte ouvertement du côté du documentaire, rejetant toute notion trop précise de fil narratif. Pas vraiment d’intrigue, donc, pas de fioriture non plus : c’est la vie dans ce qu’elle a de plus brute que recherche le cinéaste.

Ce cinéma-là, à vrai dire, m’a toujours fait fuir : comme si les réalisateurs rejetaient l’idée même d’approche artistique pour aborder des sujets sensibles et d’actualité. Sans me défaire totalement de ce sentiment, La Loi du Marché marque des points, et assez paradoxalement, par son jusqu’au-boutisme. D’avantage même que vers les documentaires classiques, c’est vers les images-vérité de la fameuse émission Strip-Tease que lorgne Brizé, captant des bribes de vie, des échanges, des extraits qui mis bout à bout racontent un drame d’une grande force.

Vincent Lindon est presque de tous les plans, d’une vérité incroyable en quinquagénaire fatigué de tout : de se battre contre les patrons cyniques qui ont liquidé son usine, de se heurter aux aberrations de Pôle Emploi, de se vendre à des employeurs qui ne l’embaucheront pas, d’affronter des hommes et des femmes qui vont chercher à tout marchander à leur propre bénéfice… Il est formidable, parce qu’il affiche une résignation et une usure derrière lesquelles on sent constamment monter un cri silencieux.

La Loi du Marché : un titre fort qui évoque bien sûr le monde du travail, filmé dans ce qu’il a de plus banal et déshumanisé à la fois, mais qui va bien au-delà. Dans la vie de cet homme à la croisée des chemins, chaque rencontre semble répondre à cette « loi du marché », qui veut qu’on n’agisse en tout qu’en oubliant l’impact que l’on peut avoir sur l’homme et la femme que l’on a en face. La construction du film a d’ailleurs un petit côté répétitif, succession de tensions et d’humiliations subies par un Lindon passif mais pas si résigné.

Dans cette succession de moments tendus, entrecoupés par de rares passages de détente (une danse entre deux parents et leur enfant handicapé, comme une parenthèse coupée du monde), deux scènes sont particulièrement terribles. D’abord, le face-à-face entre Lindon et sa femme contraints de vendre leur mobil-home, et le couple qui cherche à baisser le prix en profitant de la situation. Ensuite, la scène où Lindon, après avoir simulé un entretien d’embauche lors d’un stage, est jugé par tous les autres participants…

Dans les deux cas, c’est le visage de Lindon, qui accuse le coup sans montrer grand-chose, qui frappe les esprits et qui donne ce sentiment qu’un cri, un hurlement même, est sur le point de sortir. Taillé sur mesure pour la démesure de l’acteur, qui n’a pas volé son César et son prix d’interprétation à Cannes pour ce rôle.

 

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