C’est arrivé demain (It happened tomorrow) – de René Clair – 1944
Alors qu’il s’apprête à fêter ses Noces d’Or, un vieux couple se remémore les événements incroyables qui leur sont arrivés bien des années plus tôt. Lui n’était qu’un tout jeune journaliste en ce XIXe siècle qui tirait à sa fin… Un jour, devant un vieil archiviste un peu étrange, il émit le rêve de connaître d’avance ce qu’il allait survenir. Le lendemain matin, il découvrit dans sa poche le journal du lendemain…
De cette histoire assez géniale, René Clair a tiré un petit bijou, plein de vie et de dynamisme. Un modèle de rythme et d’inventivité, qui trouve son apogée lorsque le héros lit dans le journal sa propre mort dans un hôtel. Dick Powell (formidable) déploie alors des tonnes d’énergie pour ne pas être là où il doit mourir. Sûr d’être invincible tant qu’il n’est pas dans cet hôtel, il se lance dans une course-poursuite extraordinaire, dans les rues, sur les toits… puis dans le hall de l’hôtel. C’est drôle, filant de gentils frissons amusés.
Dans le même registre, Clair réussit une bien amusante séquence de courses hippiques, où le héros se désespère de gagner immanquablement, parce que ses pari infaillibles confirment l’inéluctabilité de ce qu’il lit dans le journal, donc de sa propre mort.
Le charme immense du film vient surtout de la construction en un long flash-back, qui ajoute à cette histoire qui parle du futur proche un petit sentiment paradoxal de nostalgie. Et une vraie légèreté, puisqu’on sait d’emblée que cinquante ans d’amour attendent les deux jeunes héros.
Linda Darnell est charmante (et très vite très amoureuse), Jack Oakie est joyeusement grotesque, John Phillibert est attachant en « ange gardien »… A leur image, il règne sur le film une bienveillance et une grande tendresse. Voilà ce qu’on appelle un feel-good movie.
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