Manon des sources – de Claude Berri – 1986
Après avoir dit tout le bien qu’on pense de Jean de Florette, il ne reste pas grand-chose à ajouter sur sa suite, ou plutôt son prolongement. Manon des Sources est véritablement la deuxième partie de la même histoire, une seconde époque comme on disait autrefois. On retrouve donc les mêmes avec quelques années de plus : Ugolin, le Papet, et la petite Manon, devenue une jeune et jolie sauvageonne qui hante les collines et le cœur d’Ugolin.
Le premier film était cruel. Le second tire plutôt vers le pathétique, confrontant les deux dernières générations de Soubeyran à l’horreur de leurs actes. Daniel Auteuil, superbe en amoureux transi qui ne réalise pas l’absurdité de convoiter une jeune femme orpheline par sa faute. Et Yves Montand, qui n’a peut-être jamais été aussi bouleversant que dans cette scène toute simple sur un banc de pierre, où il comprend… trop tard… tellement trop tard.
On retrouve dans Manon… la même vérité que dans le premier film, avec peut-être un brin d’ironie en plus. La romance entre Manon (Emmanuelle Béart, révélée par ce rôle) et le jeune instituteur (Hippolyte Girardot) est plutôt anodine, mais Berri semble se réjouir à décrire les réactions des villageois après que l’eau s’est tarie, révélant les mesquineries et égoïsmes de beaucoup. Et la séquence de la procession avec ce semblant de miracle enfonce le clou avec un joyeux cynisme.
C’est à peu près le seul passage où le mot « joyeux » peut être utilisé d’ailleurs. La conclusion de cette saga pagnolesque laisse plutôt un goût amer, celui d’une tragédie au long cours assez terrible et assez passionnante.
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