Mississippi Burning (id.) – d’Alan Parker – 1989
Alan Parker n’est pas exactement le cinéaste le plus excitant qui soit, mais il a le don de choisir des sujets qui, eux, le sont très souvent. Après un pur film noir sur fond de démonologie prometteur et frustrant (l’inégal Angel Heart), il reste dans le Sud, mais dans un contexte nettement plus réaliste, et avec une réussite nettement plus éclatante. Inspiré d’un authentique faits divers, l’assassinat de trois jeunes militants pour les droits civiques en 1964, Mississippi Burning pourrait bien être son meilleur film.
Oh il n’y va pas avec des pincettes, et c’est avec une grosse baffe dans la gueule qu’il nous entraîne dans ce Sud profond : par le biais d’une séquence d’ouverture cinglante, d’une grande beauté formelle qui ne laisse pas vraiment présager le choc à venir. Et nous voilà dans le trou du cul du ségrégationnisme, où le Ku Klux Klan a pignon sur rue (ou presque), où les noirs sont battus (au mieux) sans que quiconque y trouve à redire, et où les bonnes intentions des agents du FBI ne peuvent que provoquer des drames.
Le film est édifiant, bien sûr, mais c’est le portrait des deux enquêteurs qui passionne le plus. Parce qu’il échappe à un manichéisme évident, contrairement aux locaux pro-KKK (le racisme, c’est comme le nazisme : c’est objectivement dégueulasse, sans hésitation et sans nuance). Parker met en scène deux agents aux profils radicalement différents, bien sûr. D’un côté le jeunot Willem Dafoe, très respectueux des règles. De l’autre, Gene Hackman, vieux de la vieille aux méthodes plus brusques.
Un schéma très classique donc, mais qui fonctionne parfaitement, et qui finit même par surprendre, tant Parker joue avec les premières impressions, forcément fausses, que dégagent ces personnages, opposés mais également antipathiques dans un premier temps. Il y a derrière ces deux hommes, l’un revenu de tout, l’autre habité par une foi destructrice, une belle et douloureuse humanité.
Entre film de genre et peinture d’une époque pas si lointaine, Mississippi Burning est un film édifiant et passionnant. Et avec une Frances McDormand toute jeune (c’est son quatrième film) et déjà formidable. Ce qui ne gâche rien.
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