La Marque (Quatermass 2) – de Val Guest – 1957
Plus encore que le premier film, ce deuxième Quatermass s’impose comme l’un des modèles incontournables d’un John Carpenter, qui s’en inspirera beaucoup, particulièrement pour l’un de ses chefs d’œuvre, Invasion Los Angeles. Le film de Val Guest prend le même parti pris d’évoquer un « grand remplacement » en s’intéressant à un microcosme socialement très marqué. Carpenter ira plus loin et de manière plus frappante dans sa peinture d’une Amérique de déclassés. Mais déjà, c’est un milieu similaire que choisit Guest : un petit village anglais dont la cohésion est basée sur le plein emploi offert par une usine voisine.
Une usine aux secrets bien mystérieux, et bien inquiétants. Ce que ce « brave » Quatermass ne tardera pas à comprendre. Toujours interprété par Brian Donlevy, Quatermass n’a rien gagné en sympathie. Clairvoyant et courageux, il n’en reste pas moins un homme froid et cassant, totalement dénué du plus petit sens de l’humour. Un personnage revêche et mal aimable, que Donlevy ne fait rien pour humaniser.
La menace est encore plus palpable et plus directe que dans Le Monstre. L’approche n’est pas plus ouvertement spectaculaire pour autant. Il y a bien la séquence finale, monstrueuse au sens premier du terme. Et il y a une utilisation assez remarquable d’effets spéciaux rudimentaires, mais d’une efficacité folle. Mais la plupart du temps, la tension et la peur passent par les silences, le hors-champs et l’attente. Encerclés par le danger, les personnages principaux se contentent de tourner la manette d’une machine, sans aucun effet supplémentaire, et c’est totalement prenant.
Cette histoire de marque qui confirme que les personnages ont été infectés n’a rien d’unique : elle sera reprise à de multiples reprises au cinéma ou à la télévision. Elle est abordée ici avec une simplicité qui fait mouche. La simplicité : c’est ce qui frappe le plus dans ce film flippant et direct, qui reste l’une des références incontournables dans la série B paranoïaque. Le personnage de Quatermass reviendra pour un troisième long métrage dix ans plus tard dont le titre annonce des thèmes similaires (Les Monstres de l’espace), mais sans Brian Donlevy, et sans Val Guest.
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