Fantômas contre Fantômas – de Louis Feuillade – 1914
Quatrième volet des aventures du journaliste Fandor et de son ami policier Juve sur les traces du plus dangereux et mystérieux des criminels, et l’art du feuilleton, que Feuillade mènera à son paroxysme avec Les Vampires, fonctionne déjà à plein régime.
Les ressors purement dramatiques sont énormes. Juve se retrouve ainsi en prison sur une présomption assez étonnante : puisqu’il est incapable de mettre la main sur Fantômas, alors que leurs routes ne cessent de se croiser, c’est parce qu’il est Fantômas. C’est en tout ce qu’affirment les journaux… Bien suffisant pour que le procureur décide de l’emprisonner.
Fandor, du coup, préfère prendre le large avant d’être lui-même arrêté. Et voilà donc l’histoire qui s’emballe, débarrassée de toutes les contraintes liées aux professions des deux héros. Le réalisme passe plus que jamais à l’arrière-plan, laissant toute la place aux rebondissements les plus improbables, au mouvement pur et à la folie.
Le sommet de ce quatrième film est sans doute moins la grande scène du bal costumé où se croisent trois Fantômas (et une issue tragique pour l’un d’eux) que cette séquence étonnante et fascinante où un mur se met à saigner après qu’on y a enfoncé un clou. Le genre d’images surréalistes qui ont contribué à l’impression toujours très forte que continue à laisser ces premières adaptations de l’œuvre de Souvestre et Allain.
La séquence finale reste également un modèle de suspense, dont l’écriture et le rythme pur sont pas loin d’être parfaits. Reste des cadres encore un peu fixes et systématiquement frontaux, et des décors trop dépouillés pour faire vraiment authentiques… Quelques limites qui rappellent que le cinéma est encore adolescent en 1914. Mais l’adolescence peut être bien stimulante quand elle se montre aussi inventive.
La Série des Fantômas, de Louis Feuillade
- Fantômas : à l’ombre de la guillotine
- Juve contre Fantômas
- Le Mort qui tue
- Fantômas contre Fantômas
- Le Faux magistrat
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