Identité judiciaire – de Hervé Bromberger – 1951
Identité judiciaire est le film qui a en quelque sorte servi de « pilote » aux 5 dernières minutes. Raymond Souplex y interprète dans les deux cas un commissaire de police sagace et intègre. Identité judiciaire est surtout un grand polar, digne des grands films noirs américains. A la fois une peinture passionnante du quotidien des forces de l’ordre, et remarquable thriller.
On pourrait simplifier en coupant le film en deux grandes parties, clairement distinctes : la première largement consacrée au travail minutieux d’investigation, la seconde se résumant à un suspense particulièrement dense. C’est un peu vrai, mais le film de Bromberger joue en fait constamment sur les deux tableaux, mêlant intimement le film de genre plein de rythme et de brutalité, et la minutie d’une mise en scène presque anthropologique.
L’intrigue est finalement assez banale : la recherche d’un mystérieux criminel qui drogue de jeunes femmes dont plusieurs sont mortes. La révélation apparaît d’ailleurs vers la moitié du métrage. Beaucoup moins anodin, en revanche : la manière dont le travail de la police est filmé. Dans les détails, en longueur, en s’attardant sur les longs déplacements dans les couloirs du Quai des Orfèvres, sur le travail de la police scientifique, des graphologues, des chimistes, sur les laborieux interrogatoires.
C’est passionnant, et d’autant plus percutant que la vision très documentée du travail de la police n’est jamais déconnectée de l’humain. Les policiers sont des hommes, et le commissaire jongle entre ses obligations professionnelles et sa vie de famille. Humain et faillible, qui s’autorise un « salope » après avoir été rembarré par un témoin récalcitrant. Tout sonne authentique : les rapports entre les flics, l’affection pour les petits délinquants, les emportements trop vifs d’un commissaire frustré…
Le film s’ouvre et se referme sur deux séquences mémorables de traque dans la ville. Deux séquences très différentes l’une de l’autre, mais qui marquent par la précision et l’efficacité de la mise en scène. La première, la fuite tragique d’une jeune fille fugueuse, filmée avec une grande intensité dans les décors naturels de province. La dernière, course-poursuite sous haute tension dans les rues de Paris.
A chaque plan, ou presque, un détail donne du corps et de l’authenticité au récit. Parfois en arrière plan, comme cette épouse qui s’inquiète du sort de son mari enfermé au dépôt, ou la fouille au corps de jeunes femmes « ramassées » dans la rue. Brillant scénario, et brillants dialogues signés Jeansson. Et l’interprétation est impeccable. Raide et pas toujours aimable, Raymond Souplex est parfait. Suave et secret, Jean Debucourt trouve le rôle de sa vie.
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